ottobre 24, 2012

La questione sionista ed il Vicino Oriente. – Documentazione tratta da “La Croix”: l) Cronache dell’anno 1881.

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L’archivio dal quale attingiamo è tratto dalla Biblioteca Digitale Gallica, che del quotidiano cattolico “La Croix” contiene una collezione che va dagli anni 1880 al 1944. L’anno di inizio spoglio è il 1897, da dove inizia l’esplorazione dell’archivio, che verrà utilizzato anche per attingere notizie ed articoli che potranno trovare più opportuna collocazione nelle ricerche collegate intorno alla «Questione giudaica» e alla «Questione ebraica». Anche per questa serie sarà seguito il criterio della doppia redazione, detta “a papiro” ossia disposta per singolo anno in un solo post che potrà assumere ampia dimensione, e “a libro” ossia disposta in singoli post per ogni articolo, che potrà essere tradotto in italiano e corredato di commento ed ogni utile apparato, inclusa la indicizzazione analitica dei nomi e cronologica. L’archivio ha pure una doppia numerazione: una generale di tutta la serie ed una specifica per l’anno corrente. Il Lettore sarà di volta in volta guidato nell’uso dell’ipertesto. I commenti introduttivo variano con il procedere della ricerca e formano come una discussione permanente della metodologia seguita e suscettibile di evoluzione.

*

LA QUESTIONE SIONISTA
E IL VICINO ORIENTE
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tratta dal quotidiano “La Croix”


1881
1880  ↔   1882 1944

La Croix: 1880 - 1881 -1882 - 1883 - 1884 - 1885 - 1886 - 1887 - 1888 - 1889 - 1890 - 1891 - 1892 - 1993 - 1894 - 1895 - 1896 - 1897 - 1898 - 1899 - 1900 - 1901 - 1902 - 1903 - 1904 - 1905 - 1906 - 1907 - 1908 - 1909 - 1910 - 1911 - 1912 - 1913 - 1914 - 1915 - 1916 -1917 - 1918 - 1919 - 1920 - 1921 - 1922 - 1923 - 1924 - 1925 - 1926 - 1927 - 1928 - 1929 - 1930 - 1931 - 1932 - 1933 - 1934 - 1935 - 1936 - 1937 - 1938 - 1939 - 1940 - 1941 - 1942 - 1943 - 1944.


Anno inizio spoglio: 1897
Sommaio: 1881:  maggio:  1) Il mondo ebraico. – 2)











Cap. 1

Top supra ↑ 1.5.1881 ↓ infra ⇒

Le monde juif

La Croix,
Recueil Mensuel, 13e Livraison
Mai 1881, p. 31-36




Nos lecteurs n’ont pas oublié le très remarquable travail de M. l’abbé Ch. Dutartre, intitule: CONSTANTINOPLE ET JERUSALEM, La question d’Orient qui finit et celle qui commence (livraisons d’octobre et novembre).

La question du monde juif y est étudiée avec érudition et avec une grande élévation de pensées. Nous avons su par les demandes qui nous ont été faites de divers cotés de ces livraisons, que plusieurs avaient été touchés de l’importance du point de vue auquel s’est placé l’auteur.

Aujourd’hui, en attendant de nouvelles communications de M. l’abbé Dutartre, nous offrons à nos lecteurs un aperçu de la question sociale au Reichsrat de Vienne, écrit par un homme éminent. Nous l’empruntons au Monde du 9 février.

La lecture de ces pages sera certainement très-instructive.

LA QUESTION SOCIALE AU REICHSRATH DE VIENNE

J’ai déjà eu depuis longtemps l’occasion de vous signaler le mouvement violent d’opinion qui se produit, tant en Allemagne qu’en Autriche, contre la domination des Juifs. Ce qu’on appelle «l’agitation anti-sémitique» est venue, depuis, confirmer avec une violence inattendue l’exactitude de mes appréciations. Comme dans tous les cas analogues, l’impulsion, une fois donnée, a pris des proportions parfois exagérées; la haine populaire s’est manifestée brutalement, et quelques excès dignes de blâme ont donné un caractère de persécution à ce qui, dans l’origine, était un mouvement plus défensif qu’agressif.

On comprend généralement mal en France la portée véritable de cette question. Les Juifs y sont relativement en petit nombre; leur influence y est aussi décisive qu’ailleurs dans tout ce qui intéresse le capital et sa domination exclusive, mais les individus se sentent peu touchés. Dans les pays où la race juive est nombreuse et où, derrière les rois de la finance, il y a tout un peuple de petits usuriers; là, où, pour combler la mesure, le taux légal de l’intérêt, a été aboli, it n’y a pour ainsi dire personne qui ne soit, ou la victime ou le complice d’une spolation incessante et dont les proportions sont effrayantes.

Dans certaines contrées de l’Autriche, on a pu dire sans exagération que la population chrétienne tombait peu à peu dans une espèce de servage, le sol lui étant enlevé par les envahisseurs sémitiques et les anciens propriétaires étant réduits au rôle de fermiers ou de manouvriers au service d’un race étrangère.

On a répondu (ici même) que la faute en était plus aux lois qu’aux Juifs. Oui, sans doute, à condition qu’au nombre de ces lois de destruction, on mettra celles qui accordent aux Juifs l’indigénat et tous les droits civils.

L’Eglise n’a jamais permis qu’on persécutât les Juifs, et la persécution, quand les lois restent chrétiennes, est en effet inutile en même temps que coupable. Mais les États sécularisés, c’est-à-dire les Etats qui ne professent officiellement aucune foi, ont accordé aux Juifs un traitement qui est aussi absurde au point de vue du droit politique, qu’il est scandaleux au point de vue religieux.

Les Israélites ne forment pas seulement un groupe distinct de tout ce qui est chétien, en raison de leurs croyances; ils sont en outre un peuple à part. Sauf de rares exceptions, ils ne s’unissent qu’entre eux; ils ont une autre loi morale, un autre droit, d’autres intérêts que les nations au milieu desquelles ils vivent; ils n’ont pas de patrie. Les reconnaître comme des semblables aux autres est donc toujours injustifiable.

Il serait beaucoup plus sensé de les considérer partout comme des étrangers privilégiés,  là où ils ont un domicile fixe. Cela revient à dire qu’on pourrait sans de graves inconvénients leur accorder une certaine autonomie, les laisser régler leurs héritages, leurs mariages, etc., selon leur loi, leur permettre
même de se constituer des tribunaux à eux pour juger leurs propres causes. En un mot, les autoriser à vivre à part et les y aider.

Mais. admettrequ'un juif puisse, dans les
assemblées législatives, /'a!'y'e des lois pour
les chrétiens ./M'y~* des chrétiens dans des
tribunaux où l'on prête serment sur le crucifix
servir et monter en grade dans des armées
qui doivent défendre des pays chrétiens, c'est
une aberration qui ne peut s'expliquer que par
te renversement total de toute idée du ~'o//
et par le désordre que la révolution a mis dans
toutes les cervelles.

Mais la révolution, non contente d'Oublier,
sous prétexte d'indifférence religieuse ou de
liberté religieuse, l'absence de M
si l'on veut, la na M~MC~/e de
la race juive, s'est en outre approprié les lois
e'coMOM:MeA' les plus propres à livrer le
monde entier en proie à ces étrangers. Les
lecteurs du ~OMcfe sont trop familiers avec
ces questions pour qu'il soit nécessaire de re-
venir longuement ici sur le ~e de /'a?'yeM~.
L'économie ec/ sacrifie les jo?'o
~M~s de toute sorte au cov/ï~crce.. Ce ne
sont ni les propriétaires de terre ou les agri-
culteurs, ni les artisans, ni même les indus-
triels, qui ont rendu le capital mobile jusqu'à
l'excès et qui lui ont livré tous les fruits du
travail ce ne sont pas eux qui ont imaginé la
/p~v de c/t~M'y~, l'escoMt/~e, les banques, le
marche international et, par-dessus tout, if
COMMO'cc~e/'aryCH~ce ne sont pas eux
qui ont créé les Bourses.

Les industriels ou entrepreneurs sont amis
de la COMCM~CMce en tant qu'elle leurprocure
des bras en nombre illimité, grâce à ce qu'on
appelle la Mer mais quand la
concurrence devient M et s'affirme
par le M~'e-ec/MH~, its commencent à se
diviser leur enthousiasme perd de son unani-
mité. En cela ils manquent de logique, mais,
des le début, leur adoption des doctrines éco-
nomiques modernes indiquait de leur part un
certain aveuglement ce n'est pas à eux qu'elles
doivent profiter en dernière analyse. Ils ont
des ca~atM-, mais le capital ~o~'Ma~M~ ne
leur appartient pas eux-mêmes sont dans sa
dépendance, et pour lui la liberté illimitée de
l'ecAaM~e est la loi unique.

LesjM'o(/MC industriels sont destinés à
l'asservissement comme les autres et déjà l'in-
dustrie privée tend à disparaître devant l'in-
dustrie ~oa?' actions, c'est-à-dire x'/K/je~OM-
Me~.

Hn dernière analyse, on en revient donc
toujours à constater le règne du capital im-
personnel, c'est-à-dire de la Banque et de la
Bourse ceux qui possèdent et qui gouvernent
ce capital senties ~arc/ia~~ ceux
qui, sans produire eux-mêmes de nouvelles
fa/~ profitent des ~er~Cf.s entre les
diverses valeurs. Ht qui ne sait que le génie
des Juifs les rend plus propres à ce commerce
que les hommes d'aucune autre race? Qui ne

sait qu'eux seuls sont rois de la Banque et de
laBourse? P

On a fait à ce propos une remarque inté-
ressante etprofondément vraie les principaux
socialistes étaient ou sont des ./M! Leurs ex-
citations s'adressant surtout aux ouvriers, ils
ne tarissent pas sur les maux causés par le
c !y et ses possesseurs mais
jamais ils ne s'en prennent au capital des
x/)e'CM/« de Bourse ou de Banque. A ce
trait on reconnait leur race. Il y a plus si les
co// en venaient un jour à mettre
toute la ~'o~MC//OM dans les mains de socié-
tés coopératives d'ouvriers si les propriétés
individuelles devaient être transformées en
propriétés d'Etat en un mot, si les plans du
juif Marx se réalisaient, ils donneraient lieu à
d'immenses opérations de crédit, à des em-
prunts qui se compteraient par milliards
Bourses. Banques et Juifs y feraient des pro-
fits incalculables. (On sait en ei!'et que Marx
veut procéder par une espèce de rachat des
propriétés individuelles.)

Ces considérations ont pour but d'expliquer
comment et pourquoi la réaction contre les
doctrines de l'économie libérale attaque les
Juifs quand elle n'est pas socialiste. La c~e/HO-
c/'a~'e sociale ne prend aucune part au mou-
vement antisémitiquc; mais. lorsque les maux
causés à la production et aux producteurs par
le règne de l'argent deviennent intolérables
la où les propriétaires de terres et surtout les
paysans sont dépossédés en masse par les
sociétés de Crédit foncier ou les usuriers par-
tout enfin où h; grand nombre des Juifs rend
leur action ptus sensible, plus visible et plus
directe, le bon sens populaire va droit aux
agents les plus actifs de la ruine sociale.
Un projet de loi pour la limitation de l'u-
sure vient de donner à l'un des orateurs les
plus éloquents du hcichsrath de Vienne l'oc-
casion d'aborder à son tour cette question
brûlante. Mgr Greuter est représentant du
Tyrol, par conséquent d'une population de
paysans. Sa popularité est grande, sa parole
chaude, énergique, parfois un peu triviale.
Son discours a produit une sensation pro-
fonde, car le prêtre catholique a traité son
sujet avec la hauteur de vues que la foi sait
inspirer et avec une intrépidité que rien n'é-
pouvante.

Vienne, où les Juifs sont au nombre d'en-
viron 80,000, est devenue pour eux comme
une capitale ils y possèdent seuls la Banque,
presque toute la presse, la plupart des théâ-
tres. Leur influence sur le gouvernement
était devenue dominante pendant la période
libérale, et elle est loin d'avoir complètement
disparu. En 1868 ils avaient fait passer en loi
la /ye de /M: On conçoit l'enet d'un
réquisitoire tel que celui de Mgr Greuter, sur-
tout à l'heure où les paysans commencent à

33:


m MONDH JUIF

s'agiter et où l'un voit poindre à l'horizon
quelque chose comme une question agraire.
Ne fût-ce qu'à titre d'information, je crois
devoir vous faire connaître les principaux
traits de ce magnifique discours.

Mgr Greuter commence par regretter que le
projet de loi présente au Reichsrath, pour
mettre un certait frein à l'usure, ne soit pas
plus complet « Il est atteint, dit-il, de la
« maladie de notre temps il n'est qu'une
« demi-mesure. Néanmoins, le projet, tel
« qu'il est, prouve combien il est vrai que les
faits et la réalité de la vie sont plus puis-
« sants que les théories les plus séduisantes
 des doctrinaires; il prouve qu'on peut bien
fausser pour un temps ou comprimer les
( idées des peuples, mais qu'on ne peut pas
les supprimer entièrement; il prouve enfin
 que, selon l'ancien adage, l'honneur est en-
 core ce qu'il y a de plus difficile à vaincre.
« La question des intérêts et celle des lois
« contre l'usure sont assurément bien ancien-
« nés elles sont peut-être les plus anciennes
« de toutes les questions sociales. A chaque
« transformation de la vie économique, elles
« se posent de nouveau et elles reçoivent une
 nouvelle solution. C'est pourquoi je crois,
 comme notre commission, qu'elles doivent
 être traitées avec la plus grande prudence.
 Je le crois d'autant plus que, en 186S, pen-
 dant qu'on préparait l'abolition des lois
' contre l'usure, j'exprimais ici la même pen-
sée. Mais on s'empressait alors de détruire
« les colonnes sur lesquelles reposait l'édifice
« de l'ancien droit et l'on avait hâte, pour
« faire place à une liberté mal comprise, de
' supprimer les obstacles que les siècles pré-
cédents avaient opposés aux déprédations
de l'usure. (C"es~

« Ce que j'annonçais alors ne s'est que
trop vérifié, je disais on peut réparer une
« faute politique, mais une seule faute en ma-
tière d'ordre social peut amener le malheur
« et la ruine de plusieurs générations; un
« seul faux pas sur ce terrain, peut décider
« de notre sort (Bravo!). Ni vous, ni nous,
« n'aurions la force et les moyens nécessaires
pour refaire un Etat ruiné et lui rendre le
bonheur Facilis ~ce?MMS ~ife?' at,
« ?'euoca?'e yy ')

« Il va sans dire qu'alors on ne m'a pas
' écouté. Le commencé. On s'est
jeté, le coeur léger, dans l'abîme sans fond
des spéculations. L'exploitation d'un peuple
« par ) 1 usure a pris des proportions qui ont
fait frémir tout ce qu'il y avait encore d'hon-
notes gens, et enim la plaie a fini par s'ou-
vrir. Deux fois nous avions demandé quel-
que protection pour ce pauvre peuple qu'on
pillait; on s'était borné à nous répondre
que le ~s-c~MMS était causé par des /by'ces
M~e//es, et chacun sait qu'il n'y a pas

de recours contre des forces semblables.
Maintenant, on voudrait ~p~oc~'e ~a
on cherche à revenir en arrière. Nous trou-
verons sur nos pas un véritable champ de
carnage, couvert de ruines dont le langage
cloquent produit une impression profonde.
Les libéraux eux-mêmes n'osent plus, par
amour pour une doctrine que les faits ont
démontrée fausse, fermer l'oreille au cri
que l'on entend de toutes parts et que cha-
cun comprend ~ .S
HOtM/ (C't'y'a!x'/ ?Ve~ ~c~/)

« .En 1868, l'exposé des motifs disait que
la plupart des assemblées provinciales (qui
étaient libérales) se montraient favorables à
l'abolition des lois sur l'usure; il disait que
les employés de l'administration se pronon-
çaient dans le même sens, ce qui, entre pa-
renthèses, est une triste preuve de la ma-
nière dont les chancelleries comprennent
trop souvent et traitent les intérêts les plus
vitaux et les conditions même de l'existence
économique du peuple. Un député libéral
me dit alors en propres termes que, d'a-
près sa conviction la plus intime, beaucoup
de petits propriétaires avaient été ruinés
uniquement parce que le gouve-rnement
avait tant tardé à proclamer l'abolition des
lois sur l'usure.

« Le compte rendu sténographique de cette
époque, c'est-à-dire d'il y a douze ans à
peine, fait suivre les paroles que je viens de
citer, des mots très bien! à Mes-
sieurs, je suis persuadé que si quelqu'un
redisait la même chose aujourd'hui, c'est
en vain qu'on attendrait une marque d'ap-
probation, même de la gauche.

« Mais, à propos de ce très ~' de la gau-
che d'alors, permettez-moi d'ajouter une
remarque. Les feuilles libérales de nos fi-
nanciers affirment tous les jours au moins
deux fois, quelquefois trois (rires et applau-
dissements), que la richesse matérielle et
surtout la richesse en intelligence ne se
trouvent que de ce côté de la Chambre (la
gauche); elles ajoutent que là seulement on
trouve des cœurs qui sont touchés des mal-
heurs du peuple; elles disent surtout qu'à
gauche, et nulle part ailleurs, on connaît les
moyens d'adoucir promptement ses maux.
Il m'e semble que le ~'e~ bien! à y~MC~e,
que je viens de vous rappeler, nous fournit
un précieux commentaire pour toutes ces
affirmations. Ne nous prouve-t-il pas que
l'intelligence tant vantée peut avoir des
heures de faiblesses inquiétantes à l'heure
même ou l'on discute les questions sociales
les plus importantes? (Bravo! ~'auo/)
« Pendant douze ans, à compter depuis
l'abolition des lois sur l'usure, la gauche
estrestée, en qualité de médecin attitré, au-
près du lit du patient si cruellement atteint,

34:



LE MONDE JUIF

et dont la vie, la santé et la force intéres-
sent tant de millions d'hommes, car ce pa-
tient est notre bien-aimé pays. S'il est vrai
que la gauche ait en poche le remède qui
doit le guérir, comment expliquer psycho-
logiquement qu'elle ait pu faire violence
pendant ces douxe années à son cœur si ten-
dre ? (~o~/ ~'a~o.s'/ a eh'o~?.). Com-
ment se fait-U que pendant la durée do son
traitement, la maladie aiguë soit devenue
chronique? (~'cs &). Le médecin qui,
pour sauver les paysans menacés de ruine,
leur prescrivatt, i) y a si peu de temps en-
core, une forte dose d'usuriers, a perdu le
droit d'offrir son ordonnance dans nos vil-
lages. On la jetterait par la fenêtre comme
une dangereuse médecine de cheval. (~?'M-
// a~~MC~'s~Men~ M ~'o~.)
« On se moque volontiers de la .sayps~p
des CM?'~ et l'on en parle avec dédain,
mais ma sagesse de CM~ me disait pour-
tant déjà, il y a douze ans, que la liberté de
l'usure serait aussi impuissante pour sauver
les paysans, que la liberté du travail ou
celle du vagabondage pour sauver les arti-
sans. (F?' La liberté de l'usure met le
paysan à la porte de chez lui la liberté du
travail et celle du vagabondage ouvrent, il
est vrai, toutes les portes à l'artisan~ mais
c'est pour qu'il puisse souffrir de la faim
ou il veut, et en mourir où il veut. (C'ps~
~Y«'/)

« L'argumentation sur laquelle on s'ap-
puie pour demander la liberté de l'usure a
quelque chose de séduisant sa simplicité
même la rend très-propre à fausser le juge-
ment. Elle a précisément le tort d'être une
/mM/e /oy~! elle ne tient par consé-
quent aucun compte de ce fait capital, que
les contractants sont ~?.s/ et que
ce sont leurs passions, leur avidité, leur dé-
tresse et leurs faiblesses qui sont en pré-
sence sur le lieu ou se tient le marché de
l'argent.

c Les défenseurs de l'abolition des lois sur
l'usure invoquent le simple ~OM ~M; or,
il n'y a pas de plus mauvais conseiller dans
la poétique, qu'Aristotc appelle le plus dif-
ficile des arts. Il en est surtout ainsi dans
la science relativement moderne de l'éco-
nomie politique.

« La question principale est la suivante
Quel est le plus désirable dans l'intérêt de
la communauté (car il ne s'agit pas ici des
intérêts individuels), due le crédit privé
soit /Ms e~M ou le /)/MS solide possi-
ble ? Vaut-il mieux, pour le bien commun,
que la loi protège les honnêtes gens qui,
lorsqu'ils empruntent, ne promettent que
ce qu'ils peuvent tenir, ou qu'elle laisse
tous les chemins ouverts aux faiseurs de
projets suspects, à ceux qui, par des distri-

butions de primes, élèvent le taux de l'in-
térêt au détriment des hommes d'affaires
Itonorables?

« Est-il vrai que l'argent ne soit qu'unemar-
chandise comme une autre ? ou bien, en sa
qualité de représentantdetoutesles transac-
tions, n'est-il pas un peu un bien commun?
't son usage ne doit-il pas, comme celui des
télégraphes, des chemins de fer, etc., être
soumis à certaines restrictions légales? Cette
question est d'autant plus justifiée que si
1 État traitait l'argent comme une simple
marchandise, il devrait, selon les principes
du la liberté du travail, renoncer à fabri-
quer la monnaie, et, dans les payements,
c'est la valeur intrinsèque du métal qui de-
vrait compter, et non la valeur légale attri-
buée à la monnaie.

« Nous devons nous demander, enfin, si la
législation doit protéger de préférence les
fous et les dissipateurs, et non l'ensem-
ble de la société, contre la passion qui
pousse à s'enrichir sans travailler, contre
l'envahissement des entreprises hasardées,
eu fin contre les périls effroyables que court
un peuple abandonné au fléau de l'usure?
Quiconque comprend à cet égard les de-
voirs de l'Etat; quiconque préfère un cré-
dit solide à un crédit étendu; quiconque
met la morale en ligne de compte à côte
des intérêts matériets, doit s'opposer à l'a-
bolition des lois sur l'usure. (Bravos.)
« Ecoutez un exemple que je veux vous ci-
ter, non seulement comme un fait histori-
que, mais comme un avertissement prophé-
tique à l'adresse de notre temps Le peu-
ple civilisé des Romains professa longtemps,
comme. nos économistes libéraux, que I:)
volonté des contractants devuit seule fixer
ietaux des intérêts. M s'ensuivit une usure
immodérée qui plongeait le peuple dans un
désespoir croissant. Après avoir tenté de
nombreux et vains efforts pour se débar-
rasser de ce fléau, savez-vous ce que fit le
peuple? Il se retira sur )e mont Aventin. H
arracha aux Patriciens le tribunal et la loi
des douze tables, qui non seulement, au
rapport de Tacite, fixait un intérêt légal,
mais qui punissait les contraventions com-
me des vols. Caton l'Ancien a traité l'usure
plus sévèrement encore; il l'assimile, non
plus à ur- vol, mais à un meurtre; car, dit-
il, un voleur est un pauvre qui cherche à
améliorer son sort aux dépens du riche,
mais un usurier est un riche qui spécule
sur la détresse du pauvre pour s'enrichir
davantage. (F~a~o.' T~'afO/a ~'o:)
« C'est ainsi que pensait le monde païen.
Combien il en est autrement chez nous!
« Je voudrais maintenant examiner les
conséquences plutôt politiques que finan-
cières d'une mauvaise législation sur l'usure.

35:



LE MONDE jmF

« A~r« /)0~!« C!'ese. Je ne sais à quoi
faisait allusion le voyant qui a prononcé
ces paroles, mais je sais qu'en les enten-
dant, des milliers d'hommes pensent au-
jourd'hui à ce parti dont les tendances des-
tructives detout ordre social sontsi connues.
On n'oserait plus, comme en 1868, nier
l'existence de ce parti. Au contraire, le
mouvement socialiste est un Sphinx qui pro-
pose ses énigmes à quiconque parcourt la
société moderne il Taut les deviner ou
périr. Je n'ai pas besoin ici d'expliquer
pourquoi, si les principes de ce parti ve-
naient à se réaliser, la société ne se rap-
procherait pas de l'idéal il n'y aurait plus
partout qu'une égalité de misère, la servi-
tude et l'état sauvage. Il n'en est pas moins
vrai que l'idée socialiste s'est emparée des
masses, et tout véritable homme d'Etat
doit tenir compte de ce fait. Or, rien ne
peut contribuer davantage à augmenter les
dangers de l'erreur socialiste que les abus
manifestes du droit ou de la force qui ap-
portent tous les jours une excitation nou-
veUe et augmente le nombre des matières
inflammables.

« Et c'est ce qui arrive certainement lors-
que cette opimon se répand de plus en plus
dans le peuple, que son bien et jusqu'à son
existence sont abandonnés, sans aucune
sauvegarde, à l'exploitation impitoyable de
ces puissances capitalistes dont la destruc-
tion est promise par tous les programmes
socialistes. ~i6?/M~ c~y~M~M Mt~oea~, dit
l'Ecriture. La démence de l'usure, de la
part du capital, fait envisager comme uu
moyen de salut la démence de la démo-
cratie sociale.

Ajoutcx à cela la conséquence la plus
désastreuse de la suppression des loiscontre
l'usure les actes d'usure les plus criants,
ceux que )e sens moral du peuple envisage
avec la plus profonde horreur et le plus
j~raud mépris, ne reçoivent pas seutement
la sanction des tribunaux qui ordonnent
leur exécution, mais les juges agissent a~
i~o?M de /?!/w~ et ils invoquent des
motifs de ~'M7/ (M~M~/MC?~.)

« Si cela ne s'appelle pas tyranniser la
conscience des magistrats, que peut-on
imaginer de plus ? Une pareille signature
au bas des sentences qui sanctionnent ces
actes usurnires, est incompatible avec des
sentiments d'amour etde fidélité dynastique.
(F t Il y a plus
c'est tenter une expérience imprudente et
pteinc de périls. Tout peuple lidéie et mo-
narchique a la ferme croyance que le sou-
verain est le gardien suprême du droit,
surtout pour la protection des faibles et
des pauvres. (.Brauo!) Comment ose-t-on

revêtir de son sceau des actes que l'usurier
lui-même sait être odieux

«.On dit. il est vrai, que, maigre les
meilleures lois contre l'usure, il y aura
toujours des usuriers. Je le sais. Mais faites
des cofïres-forta aussi solides que vous
voudrez ~interdisez le vol par vos lois autant
que vous voudrez, il n'y en aura pas moins
toujours des voleurs. Si l'on devait renoncer
à proscrire tous les crimes qui se commet-
tent en dépit des lois, autantvaudraitbrûler
toutes les lois pénales du monde. Les
lois qui fixent un taux à l'intérêt ont sur-
tout pour but de montrer que l'Etat
obéit à une loi morale et que, autant que
cela dépend de lui, il protège les gains lé-
gitimes et poursuit l'inique rapacité. Fut-il
vrai que les lois contre l'usure ont peu
d'effet au point de vue économique, cites
auraient encore une grande valeur au point
de vue moral.

« Lorsque l'usure est interdite, elle ne peut
exercer ses ravages qu'en se cachant, et le
sentiment populaire du droit est satisfait,
jusqu'à un certain point, quand l'usurier
doit agir en secret, comme tous les crimi-
nels. Si, au contraire, l'usurier est protégé
par la loi, si ce que le monde entier con-
damne comme une injustice est déclaré
légal dans l'enceinte des tribunaux, aiors
)a conscience du peuple reçoit une blessure
dangereuse. Chaque goutte de l'encre qui
est employée dans les chancelleries pour
sanctionner un acte usuraire, tombe sur
cette blessure comme un poison brûlant
que l'agitation socialiste vient ensuite entre-
tenir.)) »

L'orateur, après avoir rappelé que, l'Etat
ue pouvant réprimer que les actes 'j
le concours de l'Ughse est nécessaire pour
guérir le mal dans sa racine, dit que, sans
l'aide de l'Eglis' la société ne peut être
sauvée. Il cite alors en preuve les paroles
suivantes du socialiste a)lema')d Wahtteich:
« II faut convenir que, dans les districts où
 le Cf'M~'e exerce de l'influence, la démo-
 eratie sociale a gagné peu de terrain. Cela
vient de ce que la science socialiste n'est
 comprise que parles M~M~es ec~w~x,
 niais jamais par les populations qui pro-
 fessent «ne foi, ce qui est le contraire de
u la science. Nous ne réussissons que dans
« les ~'ane~s villes et là, où la population
« est à la fois ~n~ *K  La
lecture de ces paroles cau&f* une yffM~c t~-
/7 dans l'assemblée.

Mgr Greutcr cite alors un autre témoigna~'
emprunté à la A~OM~/P CascMc ~e f~s''
~ « 11 n'y a que l'Elise cathoh-
« que qm sache enlever les ouvriers à 1 in-
« Huence des partis socialisées. » H rap-
pelle enfin les paroles par Ic~quel~'s M. Ferry

p. 36:



LE MONDE JUIF

a proclamé que la lutte est « entre la Révo-
lution et le ~'v//a~tM. H Et l'assemblée
s'émeut de nouveau, car en Autriche la Révo-
lution fait encore plus peur que le ~7-
~MS.

« Le temps est passé, messieurs, où l'on
 pouvait, à l'aide d'une pièce impie et scan-
 date use, représentée sur les théâtres de
Vienne, empêcher d'entendre le cri du
peuple qu'on pillait, et s'abandonner tran-
quiHement aux affaires de l'usure en grand.
« On ne pourra plus étouffer la voix popu-
« iaire. La joie témoignée par les journaux
 de nos banquiers à la nouvelle des actions
héroïques de ces /?WM français qui chas-
 sent sans jugement de leur demeure des
hommes dont le seul crime est de porter un
habit qui leur déplait, cette joie ne trouve
plus d écho dans le peuple autrichien.
(/ n'enlèvera plus à ce peuple
qui souffre, dans les villes et dans les champs,
on n'arrachera plus à ces milliers de paysans
que l'usure a chassé de chez eux la pensée
qu'une autre expulsion leur serait plus avan-
tageuse. Ce yM' /CMy / c'est l'exode
 pPMp/P !Mp~0~a~ 6~ MM
(GraM ay:M)?!.)

« Désormats~ j'en suis convaincu, l'agita-
tion que l'on appelle antisémitiquo est dé-
finitivement à l'ordre du jour. Elle péné-
trera de plus en plus dans l'âme irritée du
peuple aucune puissance, aucune phraséo
logie sur la force et le droit, ne pourront
la faire cesser. C'est en vain qu'on invo-
quera la tolérance de notre siècle, car l'es-
sence de ce mouvement est non pas reli-
gieuse, mais sociale. Une agitation reli-
gieuse n'a psts de sens contre les Juifs. (Agi-
«~'OM c~o Puisque, depuis l'éman-
cipation, no-us ne traitons plus les Juifs
comme des étrangers, les Juifs non plus ne
devraient plus traiter les chrétiens comme
des étrangers. Or, Moïse a dit Quand tu
auras prêté de l'argent aux pauvres de
mon peuple,, tu ne devras pas les pressurer
et tu ne les chargeras pas d'usure.
« Mais il y a mieux si nous ne sommes
plus des étrangers pour les Juifs, une agi-
tation antis émitique religieuse n'a plus de
motifs, car c'est dans les livres de Moïse
qu'est étab lie l'année du Jubilé, dont il est
dit Tous les vingt-cinq ans chacun ren-
trera dan 3 sa propriété. (Fn.'c seMsa~'o~
c/ a/)~ Comment, de nos
jours, une agitation pourrait-elle être di-
rigée con tre une semblable prescription
religieuse ?.

« Et je te rmine en rappelant cet avertisse-
ment de D ieu à son peuple O~e~'uM M!~
coMm 7/?M de ~ooM~o~ vivre
MMA' ers c~HM ce p )' (7~'a~o
~Vft'o ) Si les Juifs et )eura imitateur:

« chrétiens veulent vivre sans crainte dans
' ce pays, il faut entrer dans une autre voie
au point de vue social il faut supprimer
!a honteuse usure il faut enfin faire les
premiers pas vers l'émancipation, non des
 Juifs, elle a déjà eu lieu, mais du peuple
chrétien livré au pillage par la législation
actuelle.

« Après le réveil du sens chrétien, je ne
vois pas de salut ailleurs. On ne sauvera
rien en parlant c~s ~M~'M et en conseil-
lant de s'a!' so:?Me?Me. 11 y a trop long-
temps qu'on dit au peuple que la guérison
de ses maux viendra par les /M~en?s des
loges de francs-maçons. ~4! ~f~M-
~'c)M de /'7~/a~/dit-on, aMCMMe ~Me /p
Bacon avait déjà dit, avant M. de Schmer-
ling, que la ~c/C7tc~ c'est le pOMlwy. Mais
ni les /MM?'e7'es de vos écoles obligatoire'
ni toute votre éducation n'arracheront le
peuple aux liens enchevêtrés de l'usure
contre laquelle il se débat sans protection.
On lui crie dans sa détresse « Aide-toi
/o?'e7KC » Comment se défendrait-il, lui
qui doit assister muet, du haut de ces ga-
leries, aux décisions que vous prenez sur
le travail de ses mains, sur l'école de ses
enfants, sur la fabrique, sur ses fils,
que vous envoyez à la caserne? (~
a~o/aM~pm~n/). Comment s'aiderait-il
lui-même, quand les jurés le condamnent
au lieu de condamner ses oppresseurs ?
« Prenez-y garde 1 Les mots toi-
~M~Me )' pourront se traduire par la révolte
et/e c~'me. Ne voyez-vous pas, de plus en
plus fréquemment, briller dans la nuit un
éclair que suit le bruit d'une arme à feu ?
C'est un usurier, protégé par les lois, qui
est frappé par sa victime. C'est un signe
redoutable, et nos astronomes politiques
devraient d'autant plus s'en préoccuper, qu'à
chaque nouvelle d'un pareil attentat, on
sent grandir la conviction qu'il y a là comme
une c.,cp!' des injustices perpétrées par
les tribunaux qui protègent l'usure.
Que la justice remonte sur son siège Il
est temps que la loi remplace cette façon
de s'aider ~o~te~tp, et cela presse d'autant
plus, qu'une science fausse et impie, qui
s'enseigne pubHqucment, s'efforce d'enlever
à l'homme le diadème de sa ressemblance
divine, et que le o~'M~M/Me ne tardera
pas à consoler l'assassin, qui se dira: « Ce
n'est pas un homme que j'ai tué dans la
personne de cet usurier, c'est une beteféroce
qui me nuisait. » (Bravo! Agitation.)
On conçoit que ce discours, que j'ai du
grandement abréger, ait produit une sensation
profonde il est assurément un signe des temps,
et l'accueil qui lui a été fait est un symptôme
d'une singulière importance~

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