Home della «Questione sionista»
«La Correspondance d’Orient», accessibile nella Biblioteca Gallica, per 33 annate discontinue dal 1908 al 1945, inizia le sue pubblicazioni il 1° Ottobre del 1908. È organo di una Societas, regolata da Statuto: gli “Amici dell’Oriente”. Il periodico esce il 1° ed il 15 di ogni mese. È diretto da Cherki-Ganem e da Georges Samne. Si caratterizza come «rivista economica, politica e letteraria». Si pubblica a Parigi ed ha per segretario Henry Aubanel. L”art. 3 dello Statuto degli “Amici dell’Oriente” recita: «Le but de cette Association est de réunire una pensée commune et un effort commun toutes les personnes qui d’interéssent au progrès social des nations et au développement des relations utiles, soit intellectuelles, soit économiques, entre l’Orient et les nations européennes, notament en procurant tous les renseignement et toute l’aide nécessaire tant aux Orientaux qu’aux Européens. Les questions politiques et religieuses ainsi que les incidents de la vie pubblique n’interesseront l’Association quye dans la mesure où ils pourraient avoir une répercussion sur le but qu’elle poursuit».
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LA QUESTIONE SIONISTA
E IL VICINO ORIENTE
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tratta dalla rivista quindicinale “Correspondance d’Orient”
E IL VICINO ORIENTE
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tratta dalla rivista quindicinale “Correspondance d’Orient”
1920 ↔ 1922
Anno inizio spoglio: 1921 |
Sommario: Anno 1921 della “Correspondance d’Orient” → 1. Palestina: la questione delle frontiere. – 2. La questione delle frontiere: l’accordo franco-inglese. – 3. Un “comunicato” sulla propaganda bolscevica. – 4. La stampa palestinese e questo comunicato. – 5. L’atteggiamento della Santa Sede a riguardo del protettorato in Palestina. – 6. Le stazioni estive. – 7. Un congresso palestinese. – 8. Il Vaticano e la Palestina. – 9. La questione delle frontiere. – 10. Il risveglio del sionismo. – 11. Churchill si informa sulla situazione in Palestina e in Mesopotamia. – 12. Il Congresso arabo di Palestina. – 13. La stampa nazionalista. – 14. Una conferenza di Louis Massignon sul sionismo. – 15. La sorte della Palestina. – 16. Il Mandato sulla Palestina. – 17. La Nuova Palestina. –
Palestine: La question des frontières
da: Correspondance d’Orient,
Anno 14, Nr. 253, p. 28
15 gennaio 1921
Anno 14, Nr. 253, p. 28
15 gennaio 1921
La question des frontières. – Une difficulté assez sérieuse était pendante entre la Syrie (soumise au mandat français) et la Palestine (soumise au mandat anglais). Les autorités britanniques de Palestine réclamaient, en effet, une délimitation territoriale, nettement désavantageuse pour la Syrie, et des droits de captation d’eau, qui se seraient exercés au détriment des populations syriennes.
M. Georges Leygues, au cours de son séjour à Londres, a pu résoudre cette difficulté directement avec M. Lloyd George. Les réclamations territoriales britanniques ont été reconnues mal fondées par le Premier anglais et les populations syriennes garderont en outre intact leur droit aux eaux et sources: c’est seulemet en cas de trop-plein que le superflu serait concédé a la Palestine.
La thèse française a obtenu la-dessus un gain de cause complet. Un accord définitif précisant ce qui est convenu, interviendra incessamment.
N. D. L. B. — C’est au Matin du 7-12-20 que nous empruntons ces lignes. Nos lecteurs verront, dans notre prochain numéro, que cette note optimiste est loin d’être justifiée.
La question des frontières.
L’accord franco-anglais
L’accord franco-anglais
da: Correspondance d’Orient,
Anno 14, Nr. 254, p. 79-81
30 gennaio 1921
Anno 14, Nr. 254, p. 79-81
30 gennaio 1921
PALESTINA: a) Là question des frontières. L'accord franco-anglais. – On se souvient que les zones britannique et française du Levant ont été instituées et délimitées pour la première fois par le traité de mai 1916, qui fut préparé par M. Picot el par sir Mark Sykes, puis conclu par sir Edward Grey et M. Paul Cambon. Après, l’armistice de novembre 1918, des conversations eurent lieu entre MM. Clemenceau et Lloyd George, et eurent pour résultat de modifier certains termes du traité. C’est ainsi que le gouvernement français renonça à la région de Mossoul, en décembre 1918, après quoi il admit, au commencement de 1919, que la Palestine ne serait plus sous un régime international, mais sous un mandat britannique. Lorsque M. Clemenceau quitta le pouvoir, il restait notamment à fixer les frontières de la Syrie et de la Palestine.
Le gouvernement britannique avait déclaré qu’il tenait à avoir sous son mandat la «Palestine historique», entre lés localités de Dan (aujourd’hui Banias) ct Bir-es-Seba. La négociation s’est prolongée, avec des fluctuations, et il y a eu un moment où la frontière prévue pour la Palestine semblait devoir être plus large que ne le prescrit l’accord du 23 décembre 1920. Cette question de frontière fut traitée finalement à Londres, avant la conférence de San Remo.
Mais les autorités sionistes que l’Angleterre a installées en Palestine réclamaient de nouvelles modifications, soit pour obtenir une sorte de contrôle sur le haut Jourdain, sur le Yarmouk et sur le fleuve côtier de Litany qui arrose la Békka, soit, pour obtenir certains droits relatifs au chemin de fer qui traverse le sud de la zone française. Ce sont ces points qui ont été réglés à Londres pendant le récent séjour de M. Leygues.
Tel qu’il a été signé le 20 décembre 1920 au Quai d’Orsay par M. Leygues et par l’ambassadeur d’Angleterre, lord Hardinge, l’accord fixe les limites entre les territoires sous mandat français (Syrie et Liban) d’une part, el les territoires sous mandat britannique (Mésopotamie et Palestine).
Voici d’une manière sommaire le tracé de cette frontière:
A l’ouest, partant de la Méditerranée à l’échelle de Raz-el-Nakura, la frontière suit la ligne de partage des eaux entre les Wàdi-Farah-Kouroun et Kerbera et les Wadi-el-Douhled-el-Aïoum et Es-Serka.
Elle gagne Mutallah, en suivant la ligne de partage des eaux entre le Jourdain et le Litany. De Mutuallah, elle se dirige sur Banias, atteint El-Kunitra, suit le cours du Wadi-Jeraba et traverse le lac de Tibériade jusqu’à Semakh. La frontière passe ensuite au sud de Yarmouk, se dirigeant sur Déraa, qu’elle laisse en- territoire syrien (mandat français), et gagne Nasib.
De ce dernier point, elle suit une ligne passant par Intar et rejoignant l’Euphrale à Abou-Kemal.
De là, laissant entièrement en territoire syrien (mandat français) le Kabour occidental, elle se dirige sur Rumalan-Kouei, rejoint le Tigre et le suit jusqu’à Djerizel-Ibn-Omar (où l’on rejont la nouvelle frontière turque).
Les autres articles de l’accord renferment les stipulations suivantes:
Un arrangement devra intervenir entre les deux gouvernements français et britannique pour l’exploitation en commun du tronçon de chemin de fer existant entre le lac Tibériade et Nasib.
L’emploi des eaux du Jourdain supéreur, du Yarmouk et de leurs affluents, pour l’irrigation des terres et pour la production de l’énergie hydraulique du territoire palestinien, pourront, dans la mesure où les besoins des territoires sous mandai français auront reçu satisfaction, faire l’objet d’un examen par des techniciens nommés par les administrations de Syrie et de Palestine.
D’autre part, un article de la convention stipule expressément le maintien, au profit de la France, des clauses de l’accord franco-britannique de San Remo sur le pétrole.
D’après un autre article, qui esl conforme à une stipulation antérieure, la Grande-Bretagne s’interdit de négocier la cession ou l’aliénation de l’île de Chypre, sans avoir obtenu le consentement préalable du gouvernement français.
Il résulte de cette analyse que, en ce qui concerne le régime fluvial, la Palestine n’aura aucune revendication à faire valoir sur le bassin du Litany.
En ce qui concerne le tracé de la frontière, la Palestine britannique se trouve agrandie aux dépens de la Syrie française, par rapport au traité de 1916. Le territoire palestinien dessine maintenant, dans la zone qui aurait été alors à la France, une entaille large d’environ 25 kilomètres et profonde de 40 à 5o kilomètres, de sorte qu’en cet endroit la frontière de la Palestine se trouve à vol d’oiseau, à 76 kilomètres environ de Damas.
b) La presse française et cet accord. - Parlant de l’accord franco-brilanique sus-mentionné et de la politique anglaise en Orient, notre éminent collaborateur M. Saint-Brice écrit dans le Journal (24-12-20):
Jamais ne s’est affirmée avec plus d’éclat une politique qui visé à l’hégémonie en Orient. Nous attachons à l’amitié de l’Angleterre trop de prix pour ne pas dénoncer les dangers de cette mégalomanie. Nous avons trop le souci des intérêts français pour ne pas nous émouvoir d’une politique dont la France fait tous les frais.
M. André Fribourg, député de l’Ain, écrit dans le Matin (4-1-21):
Une fois de plus, nous faisons un marché de dupes. Nous cédons de la terre, de l’eau sans laquelle les régions anglaises ne seraient que désert, nous cédons un chemin de fer et en échange nous obtenons confirmation (?) de droits qui nous avaient déjà été reconnus par d’autres accords — donc rien.
c) La presse anglaise et cet accord. – Le Daily Chronicle écrit:
«A l’occasion de la signature de l’accord franco-anglais sur la Palestine, il est peut-être nécessaire dé rappeler au peuple britannique que le développement d’une Palestine prospère reliée à l’empire britannique, est une question de la plus haute importance, d’abord parce que nous avons quelque peu réduit notre contrôle sur l’Egypte, donc sur lé canal de Suez, et ensuite parce que nous avons de nouveaux intérêts en Mésopotamie, pays voisin de la Palestine. Nos négociateurs ont été singulièrement handicapés par le fameux accord Sykes-Picot. Cet accord, qui a été signé avant toute action de notre part en Palestine, est absolument insuffisant. Nous avons réussi à l’amender... » [Cité par Matin, 4-1-2ij.
Un «communique» sur la propagande bolschevik
da: Correspondance d’Orient,
Anno 14, Nr. 254, p. 128
30 gennaio 1921
Anno 14, Nr. 254, p. 128
30 gennaio 1921
Un «communiqué» sur la propagande bolchevik. - Al-Ahrâm publie le communiqué suivant émanant du gouvernement de Palestine:
A la date du 7 novembre, date qui correspond au Premier de l’An bolchevik russe, des circulaires ont été imprimées en langues hébraïque, arabe et skinazi, dans le but de faire de la propagande bolchevik. La plupart de ces circulaires ont été distribuées dans certaines localités de Palestine. Ces circulaires ont été placardées sur les murs à Tell Abib, quartier juif de Jaffa. Après l’affichage de ces feuilles, un meeting eut lieu, organisé par trois Russes de Tell Abib, au cours duquel des discours furent prononcés devant un auditoire se composant en tout de trente ou quarante personnes dont la physionomie n’indiquait aucune satisfaction ou adhésion quelconque à la propagande bolchevik.[Cité par Réveil du 11-1-21.]
Un témoin oculaire aurait entendu une conversation tenue entre deux personnes ayant pour objet la façon de faire disparaître les forids qu’ils auraient recueillis. On a en outre essayé d’influencer les ouvriers de Jaffa el de Tell Abib afin de les inciter à la grève en provoquant des rassemblements. Ces efforts n’ont produit aucun effet sensible; trois des promoteurs de ces menées ont été arrêtés. Cependant des documents ont prouvé la fausseté des accusations portées contre quelques personnes; de son côté, le gouvernement ne cesse de surveiller les personnes séditieuses.
Sur ces entrefaites a été signalée la grève des ouvriers de la société vinicole de Ouyoun Qara et deux petites, grèves de garçons tailleurs ainsi que celle des ouvriers de la raffinerie de sucre de Jaffa. Ces grèves n’ont été provoquées que pour des motifs économiques, on ne doit point voir là une corrélation entre les grévistes et la susdite fraction des bolcheviks.
La presse palestinenne et ce communiqué
da: Correspondance d’Orient,
Anno 14, Nr. 255, p. 128-129
15 febbraio 1921
Anno 14, Nr. 255, p. 128-129
15 febbraio 1921
La presse palestinienne et ce communiqué. – Le Baïl-Ul-Makdis, qui paraît à Jérusalem, fait à propos de ce communiqué les réflexions suivantes:
Le Gouvernement a publié une circulaire dans laquelle, faisant allusion au mouvement bolchéviste qui a eu lieu à Jaffa le 7 novembre, il déclara que ce mouvement n’a pas eu de succès et que les autorités surveillent les suspects. Le Gouvernement, a naturellement raison de veiller. Cependant s’il veut empêcher que le feu du bolchévisme se répande dans notre pays, il doit interdire l’immigration sioniste parce que la plupart, sinon la totalité des immigrants, nous viennent de Pologne ou de Russie, foyer du bolchévisme. Or, personne ne peut nier que Mademoiselle Bolchevic est la fille de Madame l’Immigration sioniste, et c’est un fait que les Palestiniens détestent cordialement la Mer et la fille!...
D’après les journaux palestiniens d’autres manifestations bolchevistes se sont produites à Jaffa depuis les événements de novembre passé.
Le journal Alef-Ba publie un extrait de circulaire communiste lancée par les ouvriers d’une Société sioniste de Jaffa exhortant leurs camarades palestiniens à se joindre à la grève qu’ils avaient déclarée contre la Société en question.
Cap. 5h
L’attitude du Saint=Siège à l’égard
du protectorat en Palestine
du protectorat en Palestine
da: Correspondance d’Orient,
Anno 14, Nr. 259, p. 289-294
15 aprile 1921
Anno 14, Nr. 259, p. 289-294
15 aprile 1921
L’attitude du Saint=Siège à l’égard du protectorat en Palestine. – Rome, 17 janvier. — Les journaux recommencent à parler de la question du protectorat en Terre-Sainte.
Le Saint-Siège considère la question du protectorat comme dépendante de la situation politique des territoires dans lesquels ce protectorat devrait s’exercer.
Or, la situation politique en Palestine, par exemple, n’est pas encore bien définie, car jusqu’à présent le traité de Sèvres n’a pas été ratifié et le mandat anglais sur ce territoire n’a pas encore été reconnu.
En conséquence, le Saint-Siège, pour ce qui le regarde, n’a introduit aucune modification dans le statu quo ante.
Le stazioni estive
da: Correspondance d’Orient,
Anno 14, Nr. 255, p. 129
15 febbraio 1921
Anno 14, Nr. 255, p. 129
15 febbraio 1921
Les stations estivales. – Notre confrère arabe de Beyrouth Al Bachîr, apprend de Palestine qu’une importante société s’y est constituée ayant pour programme de créer des stations estivales palestiniennes qui concurrenceraient les villégiatures libanaises. La clientèle visée est la clientèle égyptienne qui a l’habitude de venir, nombreuse, passer l’été au Mont-Liban.
Un Congrès Palestinien. – Un Congrès Palestinien vient de tenir ses assises à Caïffa. Toutes les villes et régions de Palestine y étaient représentées par des délégués élus par la population ou par les associations musulmanes et chrétiennes qui sont organisées un peu partout. Ils sont choisis parmi l’élite et leurs premières délibérations montrent qu’ils ont une conscience très nette de la lourde lâche qu’ils ont assumée et une claire notion de leurs responsabilités envers le pays. Dès la séance d’ouverture ils ont examiné les problèmes essentiels qu’ils ont été appelés à résoudre: la question de l’établissement d’un gouvernement national palestinien, celle de l’illégalité et de l’illégitimité de la Déclaration Balfour, celle de l’organisation de l’opinion publique, ainsi que divers autres problèmes secondaires. Des commissions spéciales ont été formées pour l’étude de chacune de ces questions et chargées de soumettre le plus tôt possible leurs rapports au Congrès. Celui-ci les discutera et transmettra ensuite ses conclusions à la Grande-Bretagne, aux Puissances, ainsi qu’à la Société des Nations, au nom de toute la population de Palestine.
Est-il besoin de rappeler le sentiment, des Palestiniens! Ils n’ont tout d’abord, aucune difficulté à reconnaître que la Grande Bretagne a des intérêts économiques et politiques considérables en Orient. Ils considèrent, que le respect de ces intérêts est une condition nécessaire d’une bonne entente entre Arabes el Anglais et qui sera profitable aux uns et aux autres. Ces points admis, ils font remarquer que la Palestine fait partie intégrante de la Syrie, que l’intérêt économique, politique et social de celle-là exige qu’elle ne soit point séparée de celle-ci, et que si, au point de vue politique et pour des raisons d’équilibre européen, cette division contre nature était inévitable, il faudrait tout au moins que les relations économiques et sociales de ces deux régions fussent ramenées à ce qu’elles étaient avant la défaite de la Turquie. En d’autres termes, ils demandent la suppression de toutes les formalités de passeport et autres tracasseries administratives qui rendent plus difficiles un voyage entre Jérusalem et Damas qu’entre le Caire et la Chine. Ils estiment que la question du foyer national juif en Palestine, si laborieusement enfantée par M. Balfour et ses collègues, ne repose sur aucun droit que celui de la force. Ils protestent et protesteront toujours de toute leur âme contre cette pure spoliation, quels que soient les adoucissements que l’on apportera dans son interprétation. Ils déclarent, que si le mandat britannique est indispensable en Palestine, il devra être conforme à l’esprit et à la lettre de l’article 22 du Pacte de la Société des Nations et, des principes solennellement, proclamés et acceptés par tous les Alliés, et ne point sortir des limites d’une collaboration amicale et bienveillante n’ayant en vue que le bien et le progrès des habitants actuels du pays. Ils tiennent avant tout à garder intacts leur langue, leurs moeurs, leurs usages propres au sein de la grande famille syrienne, à avoir un gouvernement national et démocratique responsable devant une assemblée législative, dans toute l’acception du terme, élue par la population et assistée par les conseils de techniciens anglais. Ils ne veulent pas que l’administration soit envahie, comme elle l’est actuellement, par un nombre exagéré de fonctionnaires britanniques inexpérimentés dont le moindre inconvénient est que leurs gros traitement grèvent lourdement le budget d’un pays que la guerre et les réquisitions turques avaient réduit à une extrême misère. Ils disent ouvertement que si la Grande-Bretagne persiste à vouloir transformer la Palestine en foyer national juif, bien qu’ils ne soient pas à même de s’y opposer par la force, ils n’y souscriront jamais, et qu’ils sont convaincus que cette politique nuira à la réputation de l’Angleterre, car elle portera les peuples à croire qu’elle fait peu de cas du droit des faibles dès qu’elle est assurée d’avoir la force. Ils font observer que le principal, sinon le seul, malentendu sérieux qui avait surgi entre Arabes et Turcs était dû à la politique de «turquisation», que les Jeunes-Turcs avaient voulu suivre en Syrie; à plus forte raison ne voudront-ils pas aujourd’hui être «judaïsés» — politiquement s’entend — à moins d’abandonner complètement la terre où, depuis l’origine des siècles, ont vécu et sont morts leurs ancêtres.
Tel est le sentiment général dont les délégués palestiniens se sont fait l’écho au Congrès de Caïffa.
Voici d’autre part le texte de ia résolution votée par ce Congrès et qui a été transmise à Sir Herbert Samuel ainsi qu’aux représentants des Puissances:
Le Congrès National Palestinien,
Formé par les délégués de toutes les régions de Palestine réunis le 13 décembre 1920 à Caïffa;
Considérant que le pays traverse une grave crise politique et économique;
Que la Question de Palestine fait actuellement l’objet de l’examen de la Société des Nations;
Qu’à aucun moment la Palestine n’a eu un plus grand besoin de l’union et de la solidarité de ses fils;
Considérant que les trois questions primordiales qui s’imposaient à sort attention étaientt: le rejet de la Déclaration Balfour relative au Foyer National Juif, la nécessité de la formation d’un gouvernement national et l’organisation de l’opinion publique;
A mûrement étudié ces divers problèmes durant six jours consécutifs, et a décidé:
1. De publier un rapport compréhensif au sujet de la Question Sioniste et de protester contre l’atteinte portée du chef de la Déclaration Balfour aux droits politiques, sociaux, civils et historiques des palestiniens;
2. De transmettre un résumé dudit rapport et de ladite protestation à la Société des Nations, Gouvernement britannique et aux représentants des Puissances.
3. De demander la formation d'un Gouvernement national responsable devant une Assemblée législative élue par la population de langue arabe établie en Palestine au moment de la déclaration de guerre;
4. De recourir aux meilleurs moyens pour propager l’esprit d”association et de solidarité nationales parmi la population palestinienne;
5. De demander au Gouvernement:
a) La cessation de toute promulgation de lois nouvelles et d’abroger celles qui ont été promulguées récemment, notamment celle relative aux transactions foncières, jusqu’à ce qu’il soit définitivement statué sur le sort du pays et qu’un gouvernement national soit constitué, et b) la réouverture de la Banque Agricole.
6. De demander la levée de l’interdiction de l’exportation des céréales, notamment du maïs et de Aorge, ce qui atténuera considérablement la crise financière qui pèse sur le pays;
7. D’inviter le Gouvernement à améliorer le traitement des prisonniers el l’état des prisons;
8. De former un Comité Exécutif qui siégera à Jérusalem et qui aura pour mission de compléter les travaux du Congrès et d’exécuter ses décisions;
9. D’inviter la nation palestinienne à transmettre audit Comité toutes observulions utiles, et de lui accorder tout son appui dans l’intérêt du gouvernement, de demeurer calme et tranquille et de s’en remettre à Dieu pour assurer le succès de sa sainte cause.
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En accusant réception à S. E. Kiazim Pacha, Président du Congrès, de la résolution ci-dessus, M. Deedes, le secrétaire civil, a cru devoir contester le caractère représentatif du Congrès. Mais la presse de Palestine a répliqué immédiatement en attirant son attention sur les faits suivants: que les Associations islamiques et chrétiennes qui ont désigné les délégués au Congrès sont officiellement reconnues par le Gouvernement; qu’elles sont les mêmes qui avaient organisé le premier Congrès palestinien lors du référendum qui a eu lieu pendant l’enquête de la Commission Américaine; que les décisions prises répondent au sentiment unanime de toute la population musulmane et chrétienne de Palestine; et enfin que si le gouvernement avait le moindre doute à cet égard il n’aurait qu’à organiser lui-même un référendum dont le résultat l’édifierait promptement.
Dans le leader par lequel le Morning Post clôturait la remarquable série d’articles de son envoyé spécial en Palestine, le grand journal conservateur anglais s’exprimait en ces termes:
La Déclaration Balfour doit être abrogée. Elie doit être abrogée parce qu’elle est inconséquente, avec elle-même, parce qu’elle insiste, sur deux conditions incompatibles: la fondation d’un Etat National Juif, et la protection des autres nationalités, particulièrement des Arabes qui forment la grande majorité de la population de Palestine.
Cette déclaration ne fut naturellement pas la seule déclaration ambigüe qui eut été faite durant la chaleur et les appréhensions d’un grand conflit et l’ont a le devoir de tenir compte des exigences et des tentations du moment. Néanmoins, les hommes d’Etat doivent maintenant dissiper l’équivoque et l’on en aura bientôt l’occasion lorsque les termes du mandat britannique en Palestine seront définis. Nous souhaitons sincèrement que le mandat sauvegardera explicitement les droits historiques et incontestables des Arabes. Cela ne sérail pas seulement d’accord avec les plus élémentaires principes de justice, mais contribuera à prévenir le danger qui menace gravement nos possessions en Orient. L’assujetissement des Arabes de Palestine au Sionisme pourrait avoir de graves conséquences dans toute l’Asie. Il n’y a déjà que trop de causes de mécontentement pour les Arabes, sans qu’il y ait besoin d’y ajouter délibérément un affront à une race qui, après tout, a tiré l’épée en notre faveur et qui, par son intervention, a fait échouer le plan que l’Allemagne avait ourdi d’une guerre sainte contre les Alliés!
Ainsi concluait le Morning Post au lendemain de son enquête approfondie en Palestine.
AL PHILASTINY.
Le Vatican et le Palestine
da: Correspondance d’Orient,
Anno 14, Nr. 256, p. 172
28 febbraio 1921
Anno 14, Nr. 256, p. 172
28 febbraio 1921
Le Vatican et la Palestine. – Rome, 19 janvier. Il est déclaré, de source digne de foi, que le Vatican considère que son attitude, en ce qui concerne la protection française des Catholiques dans les Lieux Sainte, dépend de la situation politique des territoires sur lesquels le Protectorat sera exercé. La situation politique en Palestine n’a pas encore été définitivement établie vu que le Traité de Sèvres n’a pas encore été ratifié, et que le mandat britannique n’a pas encore été reconnu par le Saint-Siège. En conséquence celui-ci n'a pas encore modifié le statu quo ante.
Cap. 9h
La question des frontières
da: Correspondance d’Orient,
Anno 14, Nr. 256, p. 172
28 febbraio 1921
Anno 14, Nr. 256, p. 172
28 febbraio 1921
La question des frontières. - La mode des manchettes a été adoptée par certains journaux français de Syrie, notamment par notre excellent confrère de Beyrouth, Le Réveil. Le 9-2-21 on lisait, en tète de co journal, les lignes suivantes:
NOS FRONTIÈRES
La catégorie A, dans laquelle rentrent notre mandat syrien, notre mandat libanais.... comprend les Etals qui doivent rester indépendants et auxquels les puissances mandataires ont simplement à prêter leur assistance. — RAYMOND POINCARÉ.
Et le Réveil concluait:
M. Georges Leygues n’a pas respecté cette définition du mandat, en signant la Convention du 23 décembre. Cette signature est nulle.
Cap. 10h
Le réveil du Sionisme
da: Correspondance d’Orient,
Anno 14, Nr. 257, p. 299
15 marzo 1921
Anno 14, Nr. 257, p. 299
15 marzo 1921
Le réveil du Sionisme. – D’un article envoyé au Matin (1-2-21) de Jérusalem, nous extrayons le passage suivant:
Le malaise dont souffre profondément l’Orient s’aggrave, affirme l’Arabe, du fait que des israélites misérables, venus de Russie, de Galicie, de Pologne, de Tchécoslovaquie, pénètrent en Palestine, terre pauvre, sol ingrat, qui déjà nourrit péniblement ceux qui cherchent à en vivre et n’y parviennent pas toujours. L’Angleterre, qui sans doute espère en livrant ce sol le plus souvent inculte, abandonné, à une race besogneuse, mais active et industrieuse, rendre au pays une prospérité que le règne musulman ne lui a jamais procurée, favorise le mouvement pour la création du foyer national juif. Mais l’Arabe, qui est le nombre, ne voit pas sans colère cette invasion le menacer d’un maître plus éloigné moralement de lui que ne l’était le Turc. Le chrétien parait manifester quelques tendances à se ranger à ses côtés, car, fils de la patiente et fructueuse oeuvre civilisatrice des communautés religieuses d’Occident, il se plaisait à considérer la Palestine de demain un peu comme son oeuvre et se croyait destiné à en former l’élite intellectuelle et dirigeante.[N. D. L. R. – On peut lire, d’autre part, les déclarations de M. Sokolow au Matin (9-2-21) et les comparer avec le compte rendu du Congrès palestinien publié ici même (n° 256; p. 160). — M. Sokolow, président du comité exécutif sioniste, a été reçu, le 9 février dernier, par M. Briand].
M. Churchill se renseigne sur la situation
en Palestine et en Mésopotamie
en Palestine et en Mésopotamie
da: Correspondance d’Orient,
Anno 14, Nr. 257, p. 229
Anno 14, Nr. 257, p. 229
15 marzo 1921
M. Churchill se renseigne sur la situation en Palestine et en Mésopotamie. – Londres, 20 février. L’agence Reuter croit savoir que le prochain voyage de M. Winston Churchill en Egypte n’a aucun rapport avec la question égyptienne. Ce voyage a simplement pour but de faciliter une enquête du nouveau ministre des colonies sur la situation en Palestine et en Mésopotamie.
M. Winston Churchill est trop occupé pour entreprendre un voyage aussi long que celui qui serait nécessaire pour s’informer sur les lieux, et l’Egypte a été choisie comme pays le plus propice à une réunion entre lui et les autorités compétentes de la Palestine et de la Mésopotamie.
M. Winston Churchill est trop occupé pour entreprendre un voyage aussi long que celui qui serait nécessaire pour s’informer sur les lieux, et l’Egypte a été choisie comme pays le plus propice à une réunion entre lui et les autorités compétentes de la Palestine et de la Mésopotamie.
Le Congrès arabe de Palestine
da: Correspondance d’Orient,
Anno 14, Nr. 258, p. 281
30 marzo 1921
Anno 14, Nr. 258, p. 281
30 marzo 1921
Le Congrès arabe de Palestine. – On télégraphie de Caïffa, le 12 mars, à l’Agence Havas, que le congrès arabe de Palestine a délégué son comité exécutif auprès de M. Winston Churchill pour solliciter la mise à exécution des décisions du congrès de Caïffa.
Ces décisions sont les suivantes: Rejet des déclarations Ballour, qui accordent aux Juifs un foyer national en Palestine; demande de création d’un gouvernement national. [Voir les détails que nous avons publiés sur ce Congrès dans la Correspondance, n° 206; p. 160].
La presse nationaliste
da: Correspondance d’Orient,
Anno 14, Nr. 258, p. 281
30 marzo 1921
Anno 14, Nr. 258, p. 281
30 marzo 1921
La Presse Nationaliste. - Le Gouverneur de Jérusalem a convoqué les directeurs des journaux nationalistes et leur a fait entendre des menaces. «Dans le cas, leur dit-il, où vous persisteriez dans voire intransigeance, j’ai reçue des ordres pour suspendre vos journaux». Ces paroles, dit le journal Bëit-El-Makdesse, nous stupéfièrent, attendu que ce que nous publions est la pure vérité. Vouloir nous en faire grief, c’est vouloir anéantir la résistance de la nation qui ne veut pas se plier au joug israélite et qui veut faire valoir ses droits-méconnus. [Réveil, 23-2-21].
Une conférence de M. Louis Massignon
sur le sionisme
sur le sionisme
da: Correspondance d’Orient,
Anno 14, Nr. 258, p. 281
30 marzo 1921
Anno 14, Nr. 258, p. 281
30 marzo 1921
Une conférence de M. Louis Massignon sur le sionisme. -La Société de Sociologie poursuit son enquête sur les peuples d’Orient. Elle a consacré ses dernières séances à la Palestine et aux questions que soulève l’existence des populations mélangées qui y vivent. Le 9 mars, on abordait le problème du sionisme. Avant la guerre, le sionisme apparaissait comme un rêve. Le moyen que cette idée d’un Etat juif palestinien, idée que le Hongrois Herzl, il y a vingt-quatre ans, répandait, dans le monde par un livre célèbre – le moyen que cette idée devînt réalité? Mais la grande guerre est survenue et les prodigieux changements: ils autorisent bien des espoirs! On espérait beaucoup hier parmi les auditeurs sionistes, nombreux dans la salle, qui ont applaudi une belle conférence de M. Louis Massignon, chargé de cours au Collège de France. M. Massignon revient de Palestine, où il a étudié sur place les données du problème. Elles sont terriblement complexes, ces données; et tout cela miroite un peu confusément aux yeux des personnes qui ne sont point initiées. Il n’était pas sans utilité de dégager de cet ensemble les lignes maîtresses. M. René Worms, secrétaire général de la Société, l’a fait en un résumé concis et clair. Il a rappelé que le sionisme est surtout d’intérêt oriental, là où les Israélites furent, et sont, encore opprimés; alors que ceux de l’Occident ont des patries auxquelles ils se montrent attaches, et combien nous l’ont prouvé pendant la guerre! Et puis ces Orientaux, s’ils affluent en masse dans la région palestinienne, quels obstacles vont-ils rencontrer, au milieu des populations où il s’agil de constituer l’Etal juif? Car il n’y a pas là seulement des Israélites, il y a des musulmans, et en nombre! Mais les Sionistes ont la foi, la foi qui est persuadée que les idées gouvernent le monde…
La sort de la Palestine
da: Correspondance d’Orient,
Anno 14, Nr. 259, p. 289-294
15 aprile 1921
Anno 14, Nr. 259, p. 289-294
15 aprile 1921
Deux événements assez récents, et auxquels on n’a pas attribué une suffisante importance en Europe occidentale, appellent notre attention sur la Palestine: le débat du 14 mars à la Chambre des Lords, et lé Congrès arabe de Caïffa dont un compte-rendu complet a été publié dans La Correspondance d’Orient du 13 février.
A Londres, lord Curzon a reconnu que la création d’un Etat juif ne répondait pas au voeu de la population, et il a implicitement avoué que la Grande Bretagne avait adopté, en Palestine, une politique contraire au principe des nationalités, puisque cette politique aboutit à donner à une minorité un rôle prépondérant. Il s’en est presque excusé en arguant que le système du foyer juif ayant été inscrit dans le Traité de Sèvres, avait perdu de ce fait son caractère britannique pour prendre un caractère interallié. Il aurait été plus exact de reconnaître que le régime palestinien avait été imposé par l’Angleterre, sur l’initiative de M. Balfour, aux autres Alliés pour lesquels c’était là, en raison du mandat britannique sur la Palestine, une question secondaire.
A Londres, lord Curzon a reconnu que la création d’un Etat juif ne répondait pas au voeu de la population, et il a implicitement avoué que la Grande Bretagne avait adopté, en Palestine, une politique contraire au principe des nationalités, puisque cette politique aboutit à donner à une minorité un rôle prépondérant. Il s’en est presque excusé en arguant que le système du foyer juif ayant été inscrit dans le Traité de Sèvres, avait perdu de ce fait son caractère britannique pour prendre un caractère interallié. Il aurait été plus exact de reconnaître que le régime palestinien avait été imposé par l’Angleterre, sur l’initiative de M. Balfour, aux autres Alliés pour lesquels c’était là, en raison du mandat britannique sur la Palestine, une question secondaire.
D’un autre côté, il serait facile de répondre à lord Curzon que le Traité de Sèvres n’est pas intangible, qu’il existe de multiples raisons pour le soumettre à une sévère revision, et que les légitimes protestations du Congrès de Caïffa constituent un nouveau motif de réformer ce traité; car il est apparu que le foyer juif heurtait les sentiments et lès légitimes volontés de la majorité palestinienne plus gravement encore qu’on ne pouvait le prévoir.
Mais, avant d’aller plus loin dans l’examen de ce problème, et pour éviter tout malentendu, nous tenons à rappeler encore une fois que nous avons toujours considéré les choses de Palestine en nous plaçant sur le terrain élevé de la liberté des peuples et sans nourrir la moindre hostilité contre les Israélites. Nous respectons leur religion à l’égal de toutes les croyances entre lesquelles se divisent les hommes; nous n’avons pas le moindre préjugé contre leur race dont nous sommes les premiers à reconnaître les grandes qualités. Mais il ne nous est pas possible pour des raisons de fait de considérer qu'ils forment une nationalité, puisque chacun d’eux se réclame de celle du pays, où il habite et où il jouit maintenant de droits égaux à ceux des autres citoyens.
Quel que soit le régime politique de la Palestine, les Israélites du monde entier qui désirent se fixer sur le sol de leurs ancêtres, devront pouvoir le faire en toute liberté et y être cordialement accueillis. Mais ils devront être traités avec ni plus ni moins de faveur ou de défaveur que les autres habitants du pays; ils ne devront pas jouir de droits spéciaux sous peine d’opprimer, par cela même, la majorité de la population qui est musulmane ou chrétienne.
Enfin, nous considérons, que le sionisme constitue un grâve péril pour les Israélites eux-mêmes, puisque la simple création de l’Etat juif les exposerait à se voir contester, dans le monde entier, les droits de cité qu’ils ont eu tant de peine à acquérir. La plupart des Israélites avisés, de France, et d’ailleurs, partagent cette opinion et voient d’un assez mauvais oeil l’application des théories de M. Balfour.
Ceci dit, revenons au Congrès arabe, dont l’importunée et le retentissement, ont visiblement troublé les Lords et rendu lord Curzon plus circonspect qu’il ne l'eût sans, doute été quelques semaines auparavant.
Les décisions de ce Congrès se ramènent à deux points sur lesquels les musulmans de Palestine se montrent irréductibles: abandon du système Balfour, consistant à créer un foyer national juif; constitution d’un gouvernement national palestinien.
Cette double résolution paraît avoir causé quelque émoi, car faute d’une, presse locale reflétant les sentiments du pays, les diplomates qui ont élaboré la charte sioniste semblaient croire que la population de la Palestine n’avait ni volonté, ni opinion, qu’on pouvait impunément leur imposer n’importe quel régime. Seule la propagande sioniste avait jusqu’ici fait entendre sa voix; comme ses ressources sont larges et ses dirigeants actifs, elle était parvenue à faire illusion. La presse égyptienne s’est efforcée non pas de combattre le sionisme, mais d’appeler l”attention de l’Europe sur lès périls de la prépondérance d’une minorité; elle n’y a pas entièremnei, réussi, car elle est soumise à une censure étroite.
Le Congrès dé Caïffa a donc fait l’effet d’un coup de tonnerre dans un ciel serein. Le Haut Commissaire, sir Herbert Samuel, a essayé aussitôt d’en atténuer le retentissement et jetant là suspicion sur la qualité des congressistes, et en propageant immédiatement le bruit que l’assemblée de Caïffa ne représentait point l’opinion palestinienne. L’assertion était bien imprudente, car elle eut pour seul effet de renforcer la portée de la manifestation arabe en provoquant un imposant mouvement d’adhésion aux voeux du Congrès. De toutes les villes, de tous les villages affluèrent aussitôt télégrammes et motions émanant de particuliers influents et de groupements de toute sorte, qui déclaraient approuver sans réserves et adopter avec enthousiasme les résolutions prises à Caïffa. Sir Herbert Samuel aurait voulu «tâter l’opinion», procéder à une sorte de plébiscite spontané, qu’il n’aurait pas mieux réussi. Malheureusement pour lui, le résultât de cette espèce de consultation populaire spontanée, a tourné à sa confusion; la thèse qu’il entendait combattre en sort plus vivante et plus forte que jamais.
La délégation qui s'est aussitôt constituée pour aller appuyer, auprès de M. Winston Churchill, les voeux du Congrès arabe, est venue confirmer encore la puissance du sentiment populaire. Il n’est plus permis aux dirigeants de la politique britannique, non plus qu’aux sionistes, de nourrir la moindre illusion sur l’impopularité de leurs plans.
En présence de ce mouvement d’opinion, sir Herbert Samuel s’orienta vers le mode autoritaire. Il déclara qu’il ne connaîtrait le Congrès de Caïffa que si celui-ci acceptait le mandat britannique et le système Balfour qui est incorporé dans ce mandat. La condition est spécieuse, car si les Arabes adoptaient le régime anglo-sioniste qu’on leur réserve, le Congrès n’aurait plus aucune raison d’être et il n’aurait point de raison pour prendre contact avec les autorités britanniques, n’ayant rien à leur dire.
Au fond, sir Herbert Samuel aurait désiré obtenir, au lieu d’une opposition spontanée, une approbation enthousiaste et non moins spontanée; il était prêt à ouvrir les bras à des délégués ayant pour seule mission de remercier la Grande-Bretagne de ses bienfaits et de son esprit d’équité envers les peuples. Quelle illusion était la sienne!
Les Palestiniens paraissent être dans le même état d’esprit que leurs compatriotes des autres provinces syriennes placées sous le mandat français. Ils désirent avant tout la création d’un Etat national et le droit de gérer eux-mêmes leurs propres affaires en conformité des promesses solennelles faites cent fois par les Alliés au peuples opprimés.
Cette similitude de sentiments des deux côtés de la frontière arbitraire qui coupe la Syrie en deux tronçons, est à retenir, car nous y trouvons un argument en faveur de la restauration de l’unité syrienne.
Les réclamations des Palestiniens en faveur d’un gouvernement national sont d’autant plus ardentes qu’ils n’ont pas, comme les habitants des autres provinces syriennes, l’espérance de voir leur désir se réaliser bientôt. La France temporise à Beyrouth et à Damas; elle ne rejette point l’idée d’un Etat souverain et tarde seulement, a réaliser cette idée.
A Jérusalem, au contraire, la Grande-Bretagne s’emploie à organiser un régime politique, et ce régime est précisément l’opposé de celui qu’on réclame, puisqu’il donne une exorbitante prépondérance à une minorité religieuse et ethnique.
Il ne faut pas se le dissimuler, le Sionisme est aujourd’hui en train d’organiser un Etat dans l’Etat. Il s’organise doucement et méthodiquement, jusqu’au jour où il pourra prendre carrément la direction des affaires et imposer sa loi aux majorités. Au lieu d’avoir, comme naguère, des Arabes, des chrétiens et des juifs gouvernés par des Turcs, on aura alors, en Palestine, des musulmans, des chrétiens et des juifs gouvernés par des sionistes. Les Palestiniens auront troqué une théocratie contre une autre. C’est ce qu’ils n’admettent à aucun prix.
Ils trouvent étrange, alors que leurs représentants sont ignorés ou boycottés, que le Sionisme – simple groupement privé, jusqu’à présent – ait une influence disproportionnée avec l’effectif de ses adhérents. Ils s’étonnent que de simples particuliers soient assez influents pour avoir pu imposer leur volonté dans la question de la délimitation de la frontière syro-palestinienne, pour avoir obtenu que l’hébreu ait la qualité de langue officielle partout où la proportion des Israélites atteint seulement 20 % (1). Ils s'étonnent de ce que la Fédération sioniste prenne les allures que pourrait seul avoir un Parlement légal.
La politique de négation du droit des peuples et de prépondérance confessionnelle qui l’emporte aujourd’hui en Palestine, est grave. L’Angleterre se prépare, par condescendance à l’égard d’une minorité privilégiée, des difficultés dont elle ne soupçonne pas la gravité. Les Sionistes – nous disons bien: les Sionistes et non: les Israélites, puisque beaucoup de ceux-ci, répétons-le, discernent parfaitement les risques de l'entreprise – les Sionistes, ivres de leurs succès, ne voient pas les rancunes qu’ils accumulent sur leurs têtes, le mouvement national qu’ils méprisent, quoique déjà s’affirme sa puissance. Ils chercheraient à réveiller les anciennes passions antisémites qu’ils n’agiraient pas autrement.
Ce serait un grand malheur pour la Palestine que de voir ces passions se déchaîner et faire obstacle au progrès et à la civilisation. Cependant, cette éventualité redoutable pour la paix orientale doit être aujourd’hui envisagée. La Grande Bretagne s’en avisera-t-elle avant qu’il soit trop tard?
(1) A propos de la question des langues nous sera-t-il permis d’ouvrir une parenthèse pour remarquer le boycottage évident dont est victime la langue française, laquelle est pourtant de beaucou la plus répandue dans le pays?
La délégation britannique a adressé à la Société des Nations, pour être soumis à son conseil à la prochaine réunion de Genève, le texte suivant d’un projet de mandat pour la Palestine:
LE CONSEIL DE LA SOCIÉTÉ DES NATIONS,
Attendu que par l’article 132 du traité de paix signé à Sèvres le 10 août 1920, la Turquie a renoncé, on faveur des principales puissances alliées, à tous ses droits et titres sur la Palestine.
Attendu que par l’article 95 du même traité, les hautes parties contractantes ont convenu de confier, par application des dispositions de l’article 22, l’administration de la Palestine, dans l’étendue des frontières que les principales puissances alliées auront à déterminer, à un mandataire choisi par lesdites puissances;
Attendu que, par le même article, les hautes parties contractantes ont convenu, en outre, que la puisssance mandataire aura la responsabilité de donner une exécution, à la déclaration faite en premier le 2 novembre 1917 par le gouvernement de Sa Majesté Britannique et adoptée par les autres puissances alliées, en faveur de l’établissement en Palestine, d’un Foyer national pour le peuple juif, étant bien entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte aux droits civils et religieux des communautés non juives existant en Palestine ou aux droits et au statut politiques dont jouissent les juifs dans tout autre pays;
Attendu que par là on a reconnu le lien historique du peuple juif avec la Palesinc ct les motifs de reconstruction de son Foyer national dans ce pays;
Attendu que les principales puissances alliées ont choisi Sa Majesté Britannique comme mandataire pour la Palestine;
Attendu que les termes du Mandat, concernant la Palestine ont été formulés comme ci-dessous et soumis au Conseil de la Société des Nations;
Attendu que sa Majesté Britannique a accepté le mandat relatif à la Palestine et se propose de l’exercer pour le compte de la Société des Nations, conformément aux stipulations qui suivent;
Approuve, par les présentes, le texte ci-après dudit mandat.
Article premier. – Sa Majesté Britannique aura le droit d’exercer comme mandataire tous les pouvoirs afférents au gouvernement d’un Etal souverain, sous les réserves que comporte le présent mandat.
Art. 2. – Le mandataire aura le devoir de placer le pays dans des conditions politiques, administratives et économiques de nature à assurer l’établissement du Foyer National juif, comme il est formulé dans le préambule, et le développement d’institutions autonomes, et à sauvegarder les droits civils et religieux de tous les habitants de la Palestine, sans distinction de race et ds religion.
Art. 3. – Le mandataire encouragera dans la plus large mesure l’autonomie communale (self-goveimment) compatible avec les conditions imposées.
Art. 4. – Une administration juive (agency) appropriée, reconnue comme corps public, agira à titre de conseil en coopération avec le gouvernement de Palestine dans les questions économiques, sociales et autres qui peuvent concerner l’établissmcnt du Foyer National Juif et les intérêts de la population juive en Palestine et, toujours sous le contrôle du gouvernement, pour seconder le développement du pays et y prendre part.
L’organisation sioniste, aussi longtemps que son organisation et sa constitution seront jugées appropriées par le mandataire, sera reconnue comme l’administration juive qualifiée. Elle prendra, d’accord avec le gouvernement de Sa Majesté Britannique, des mesures pour assurer la coopération de tous les juifs qui sont désireux de collaborer à l'établissement du Foyer National Juif.
Art. 5. – Le mandataire aura la charge de veiller à ce qu’aucun territoire palestinien ne soit cédé, loué ou placé, de quelque façon que ce soit, sous le contrôle du gouvernement d'une puissance étrangère.
Art. 6. – L’administration de la Palestine, tout en garantissant qu’aucun préjudice ne sera porté aux droits et à la situation des autres éléments de la population, facilitera l'immigration juive dans des conditions convenables, et encouragera, en coopération avec l’administration (agency) juive mentionnée à l’article 4, une colonisation compacte du pays par les juifs, y compris des terrains domaniaux et, des terres abandonnées qui ne seront pas réclamées pour des buts publics.
Art. 7. – L’administration do la Palestine devra élaborer une loi sur la nationalité. Cette loi contiendra des dispositions facilitant l’acquisition du droit de citoyen palestinien aux juifs qui établissent leur résidence permanente en Palestine.
Art. 8. – Les immunités ot privilèges, y compris les bénéfices de la juridiction et de la protection consulaires, dont les étrangers jouissaient autrefois sous le régime des Capitulations ou qui étaient en usage dans l’empire Ottoman, sont définitivement abrogés en Palestine.
Art. 9. – Le mandataire devra veiller à ce que le régime judiciaire établi on Palestine sauvegarde a) les intérêts de» étrangers; 6) la loi et (dans la mesure jugée utile) la juridiction actuellement en vigueur en Palestine dans les questions soulevées par les croyances religieuses de certaines communautés (comme les lois du Wakouf et le statut personnel). La puissance mandataire accepte notamment que le contrôle et l’administration des biens wakoufs soient exercés en conformité avec la loi religieuse cl les dispositions des fondateurs.
Art. 10. – Jusqu’à ce que soient établis des accords spéciaux d'extradition concernant la Palestine, les traités d’extradition existant entre la Puissance mandataire et les autres Puissances étrangères s’appliqueront à la Palestine.
Art. 11. – L’administration de la Palestine prendra toutes les mesures nécessaires pour sauvegarder les intérêts de la communauté ence qui concerne le développement du pays et, d’après l’article 311 du traité de paix avec la Turquie, elle aura tout pouvoir pour assurer le droit public de propriété ou le contrôle de toutes les ressources naturelles du pays ou des travaux publics et services d’utilité publique qui y sont ou y seront établis. Elle introduira un régime agraire conforme aux besoins du pays et tenant notamment compte de l’opportunité qu’il y a à favoriser la colonisation compacte (close seulement) et la culture intensive du sol.
L’Administration pourra s’entendre avec l’administration juive (agency) mentionnée à l’article 4 pour que celle-ci construise ou entreprenne à des conditions favorables et équitables, tous travaux publics, services et aménagements d’utilité publique et développe toutes les ressources naturelles du pays au cas où l’Administration n’en assumera pas directement l’exécution. Tous les arrangements de cette nature, pourvoiront à ce qu’aucun profil à répartir directement, ou indirectement, par ladite administration (agency), n’excède un taux raisonnable d’intérêts du capital et que tous autres profils soient utilisés par elle dans l’intérêt du pays et d’une manière approuvée par l’Administration.
Art. 12. – La Puissance mandataire sera chargée du contrôle des relations étrangères de la Palestine et du droit de délivrer l’exéquatur aux consuls nommés par les Puissances étrangères. Elle a également qualité pour accorder la protection diplomatique et consulaire aux citoyens de la Palestine en dehors de ses limites territoriales.
Art. 13. – La Puissance mandataire assume toute responsabilité au sujet, des Lieux saints et monuments on sites religieux en Palestine, y compris le respect, des droits existants, le maintien du libre accès aux Lieux saints, monuments et sites religieux et du libre exercice du culte, tout on garantissant les exigences de l’ordre et de la moralité publique: elle ne sera responsable pour tout ce qui précède, que devant la Société des Nations: il est entendu, toutefois, que rien dans cet article n’empê la Puissance mandataire de conclure avec l’Administration tels arrangements qu’elle peut, juger nécessaires pour assurer l’exécution des dispositions de cet article; il est entendu également que ce mandat ne saurait être aucunement interprété comme conférant à la Puissance mandataire le droit d’intervenir dans la construction ou la gestion des tombes sacrées purement musulmanes, dont les immunités sont garanties.
Art. 14. – En conformité avec l’article 95 du traité de paix avec la Turquie, la Puissance mandataire se charge de désigner aussitôt que possible une Commission spéciale pour étudier et régler toutes les questions et réclamations relatives aux différentes communautés religieuses. Il sera tenu compte, dans la composition de cette Commission, des intérêts religiuseux en cause. Le président de la Commission sera nommé par le Conseil de la Société des Nations. Cette Commission aura pour devoir de veiller à ce que certains Lieux saints, monuments ou sites qui sont l’objet d’une vénération spéciale de sa part de fidèles de l’une ou l’autre religion, soient confiés au contrôle permanent d’administrations (bodies) qualifiées représentant les sectateurs de cette religion.
Le choix des Lieux saints, monuments ou sites religieux dont la garde sera ainsi organisée, sera fait par la Commission et soumis à l’approbation de la Puissance mandataire.
Néanmoins, dans tous les cas prévus par cet article, le droit et le devoir de la Puissance mandataire de maintenir l’ordre et la décence dans les lieux en question restent entiers; les monuments et Lieux saints seront soumis aux dipositions des lois sur les monuments publics qui
pourront être décrétées en Palestine avec l’approbation de la Puissance mandataire.
Les droits de contrôle conférés par cet article seront placés sous la garantie de la Société des Nations.
Art. 15. – La Puissance mandataire veillera à ce que la pleine liberté de conscience et le libre exercice de toutes les formes de culte soient assurés à tous, sous réserve uniquement du respect de l’ordre public et de la morale. Aucune distinction, de quelque genre que ce soit, ne sera faite entre les habitants de la Palestine du fait de la race, de la religion ou de la langue. Aucune personne ne pourra être exclue de la Palestine pour le seul motif de sa croyance religieuse.
Le droit reconnu à chaque communauté de conserver ses propres écoles pour l’éducation de ses propres membres dans sa langue propre (en se conformant aux obligations de caractère général que l’Administration peut imposer) ne sera ni contesté ni entravé.
Art. 16. - Là Puissance mandataire aura la charge d’exercer sur toute entreprise missionnaire en Palestine telle surveillance que nécessiterait, le respect de l’ordre public et d’un bon gouvernement. Sous réserve de cette surveillance, aucune mesure ne sera prise en Palestine pour faire obstacle à des entreprises de ce genre ou s’y immiscer, ni pour établir des distinctions à l’égard de tel ou tel missionnaire, à cause de sa religion ou de sa nationalité.
Art. 17. – L’Administration de la Palestine peut organiser, par vole d’engagements volontaires, des forces nécessaires au maintien de la paix et de l’ordre, et aussi à la défense du pays; elles seront soumises,toutefois, à la surveillance de la Puissance mandataire, qui ne doit pas les employer à des buts différents de ceux spécifiés ci-dessus, sauf du consentement de l’Administration de la Palestine, et en dehors des objets ci-dessus spécifiés, aucune force militaire, navale ou aérienne ne devra être créée ou entretenue par l’Administration de la Palestine.
Cet article n’interdit pas à l’Administration de la Palestine de contribuer aux dépenses des forées entretenues par la Puissance mandataire en Palestine.
La Puissance mandataire aura en tout temps la faculté d’utiliser les routes, chemins de fer et ports de Palestine pour les mouvements de troupes et le transport de combustible et de provisions.
Art. 18. – La Puissance mandataire doit veiller à ce qu’il n’y ait aucune distinction, en Palestine, entre des nationaux de n’importe lequel des Etats membres de la Société des Nations (y compris les compagnies constituées sous leurs lois) et ceux de la Puissance mandataire ou de n’importe quel Etat étranger, en ce qui concerne les impôts, le commerce ou la navigation, l’exercice d’industries ou de professions ou le régime des navires on de la circulation aérienne. De même il ne doit être fait aucune distinction, en Palestine, entre les marchandises provenant de n’importe lequel desdits Etats ou lui étant destinées, et il y aura liberté dé transit sous d’équitables conditions à travers le territoire mandaté.
Sous réserve des clauses ci-dessus indiquées et de toutes autres disposition de ce Mandat, l’Administration de la Palestine peut, sur l’avis de la Puissance mandataire, imposer telles taxes et droits de douane qu’elle jugera nécessaires et prendre telles mesures qu’elle estimera de nature à promouvoir le développement des ressources naturelles du pays et à sauvegarder les intérêts de la population.
Les clauses de cet article n’empêcheront pas le gouvernement de la Palestine de conclure, sur l’avis de la Puissance mandataire, des conventions spéciales de douane, avec un Etat dont le territoire était entièrement compris, en 1914, dans la Turquie d’Asie ou l’Arabie.
Art. 19. – La Puissance mandataire adhérera, au nom de l’Administration, à toutes conventions générales internationales déjà existantes ou qui pourront être conclues par la suite avec l’approbation de la Société de Nations concernant la traite des noirs, le trafic des armes et munitions ou le trafic des substances vénéneuses, ou relatives à l’égalité commerciale, à la liberté de transit et de navigation, à la navigation aérienne et aux communications postales, télégraphiques et de télégraphie sans fil, ou à la propriété littéraire, artistique ou industrielle.
Art. 20. – La Puissance mandataire coopérera au nom de l’Administration de la Palestine, autant que le permettront les conditions religieuses, spéciales et autres, à l’exécution de toutes les mesures de police commune adoptées par la Société des Nations pour prévenir et combattre les maladies, y compris celles des règnes végétal et animal.
Art. 21. – La Puissance mandataire pourvoira, dans les douzes mois qui suivront l’entrée en vigueur de ce mandat, à la publication et à l’exécution d’une loi sur les monuments antiques basée sur les dispositions de l'article 412, XIII partie, du traité de paix avec la Turquie. Cette loi remplacera l’ancienne loi ottomane des Antiquités et assurera l’égalité de traitement, en matière de recherches archéologiques, aux nationaux de tous les Etats membres de la Société des Nations.
Art. 22. – L’anglais, l’arabe et l’hébreu seront les langues officielles de la Palestine. Toutes les pièces officielles (statement) ou inscriptions en arabe sur les timbres ou les monnaies en Palestine seront reproduites en hébreu, et toutes les pièces officielles ou inscriptions en hébreu
seront reproduites en arabe.
Art. 23. – L’Administration de la Palestine reconnaîtra les jours fériés des diverses communautés comme jours de repos légal pour les membres desdites communautés.
Art. 24. – La Puissance mandataire présentera chaque année, au Conseil de la Société des Nations, un rapport sur les mesures prises en exécution des dispositions du Mandat. Toutes les lois de réglementations promulguées ou publiées durant l'année seront jointes au rapport.
Art. 25. – Si un différend venait à surgir entre les membres de la Société des Nations sur l’interprétation ou l’application des ces articles, qui ne puisse être réglé à l’amiable, il sera, soumis à la Cour permanente de Justice internationale prévue par l'article 14 du règlement de la Société desNations.
Art. 26. – L’adhésion du Conseil de la Société des Nations est nécessaire pour toute modification aux termes du présent Mandat; dans le cas d’une modification proposée par la Puissance mandataire, l’agrément peut être voté par la majorité de l’Assemblée.
Art. 27. – A l’échéance de l’expiration du mandat conféré à la Puissance mandataire par cette déclaration, le Conseil de la Société des Nations prendra tels arrangements qui pourront être jugés nécessaires pour sauvegarder à perpétuité les droits assurés par les articles 13 et 14 et pour faire en sorte que, sous la garantie de la Société, le gouvernement de la Palestine fasse pleinement honneur aux obligations financières contractées par l”Administration de la Palestine pendant la durée du mandat.
[N. D. L. R. ] Ce projet a été publié par la Jewish Chroniclc et est reproduit et commenté par une grande partie de la presse. Nous en avons emprunté le texte à Paix et Droit (février 1921).
La lettre d’envoi jointe au projet est signée de M. Arthur Balfour. Il y est dit que, pendant l’élaboration du projet, le gouvernement britannique a été constamment en consultation avec le gouvernement français et qu’un accord complet existe entre les deux gouvernements.
La Nouvelle Palestine. – Le Bureau Juif de Presse nous communique:
L’organisation Sioniste lance l’appel suivant pour le fonds nécessaire à la reconstruction de la Palestine.
«Le mandat pour la Palestine qui vient d’être proclamé comme un élément du droit des peuples, représente pour le peuple juif non seulement un gage solennel, mais encore une mission de responsabilités et d’obligations.
Le moment est venu où les forces créatrices du peuple juif – du peuple, tout entier, sans distinction de classes et d’opinions – doivent s’unir en vue de la réalisation du problème, qui lui a été confié à la face du monde, en vue de l’édification du Foyer National Juif.
Cette oeuvre réclame des moyens énormes. C’est pour les trouver qu’à été créée et organisée la Keren Hayesod, le Fonds pour la création de la Palestine.
Il a été élu un Comité directeur qui a pour mission d’établir, en collaboration avec des techniciens, un plan systématique d’action constructive et d’en assurer ensuite la réalisation.
A côté du Comité Directeur il a été constitué un Conseil économique composé d’hommes d’affaires et de financiers éminents. Le Conseil économique s’est chargé d’examiner toutes les entreprises qui seront envisagées, – dans la mesure où elles pourront être considérées comme des entreprises productrices dans le sens étroit du mot, – d’en assurer la réalisation lorsqu’elles auront été approuvées par lui et afin d’assister de ses conseils le Comité directeur dans l’administration générale du Fonds.
Le moment où la Keren Hayesod inaugure son oeuvre est grand et tragique à la fois. Les grandes puissances ont reconnu le lioen historique, qui existe entre le peuple juif et la Palestine. La Grande-Bretagne s’est chargée du mandat sur la Palestine. La gestion de la Palestine a été confiée à un homme d’Etat, dont la présence à la tête de l’administration est un gage certain de la bonne volonté de la Grande-Bretagne.
Mais en Europe Orientale, les deux tiers du peuple juif sont, à l’heure actuelle, exposés à des souffrances qui dépassent les forces humaines. Des communautés entières sont exposées au pillage, chassées de leurs foyers, massacrées sans pitié, livrées aux excès d’une sauvagerie déchaînée telle que l”Europe n’en a pas vu de pareille depuis des centaines d’années.
Au seuil de la résurection nationale, les veux fixés sur la tâche écrasanté qui ne peut pas attendre un jour de plus, le peuple juif mutilé et ensanglanté est dans l’impossibilité de lui vouer toutes les forces nécessaires, puisqu’il doit encore tenir d’une main le glaive pour repousser désespérément les attaques acharnées qui le menacent d’extermination.
L’ensemble du peuple juif doit tendre ses forces à l’extrême. En réponse à cette marque de confiance et de bonne volonté que signifie pour nous le message de San Remo, en réponse également, à l’explosion de haine sans merci qui ensanglante l’Europe Orientale, les Juifs de tous pays et de toutes classes ne peuvent avoir qu’un seul cri: Construisez la patrie juive!
Le but de la Keren Haycsod est d’inaugurer sans retard une immigration de plus en plus forte des masses populaires juives en Palestine, suivie de leur établissement systématique sur des bases économiques saines, pour le salut des Juifs et pour le bien-être de la population non-juive du pays.
Cette oeuvre peut être réalisée. La Palestine peut contenir des millions d’habitants. Des milliers et des milliers de gens attendent devant ses portes. Donnez-nous les moyens de leur garantir un travail productif et ils se déverseront dans le pays.
Qui dit immigration et colonisation, dit acquisition et préparation du sol, construction de routes, de voies ferrées, de ports et de ponts, plantation d’arbres sur les collines et les dunes, assèchement des marais, irrigation des champs et utilisation des chutes d’eau; construction de villes, dévelopement de l’industrie, des métiers et du commerce, et on même temps que tout ce travail énorme, toutes mesures utiles en vue du bien-être social, de la santé publique et surtout de l’enseignement et du progrès cultural.
Tous ces travaux entrent dans les plans de la Keren Hayesod. On lui a donné une organisation suffisamment élastique pour pouvoir facilement faire face à toutes les catégories d’entreprises. La Keren Hayesod favorisera l’initiative privée, dans la mesure où elle se conformera aux principes de la justice sociale et du bien-être national, et il soutiendra en même temps la coopération dans ses multiples applications.
Notre génération vit à une époque extraordinaire. Le moment historique, passionnément attendu depuis vingt siècles, est enfin arrivé. Cette heure ne reviendra pas une deuxième fois, ni pour nous, ni pour les enfants de nos enfants. C’est pourquoi notre appel ne s’adresse point à la philanthropie juive. Cet appel signifie le commencement d’un effort commun qui devra éveiller dans l’ensemble du peuple juif un écho digne de l’homme du nom juif.
L’effort extraordinaire que l’on exige aujourd’hui de nous doit prendre la forme d’un impôt, d’un impôt lourd, continu, systématique et librement accepté, conformément à la noble tradition juive du Maasser. Il nous appartient de remettre cette tradition en application et en honneur.
Tous les peuples de l’univers ploient aujourd’hui sous de lourds impôts pour assurer leur reconstruction nationale. Nous ne disposons pas du pouvoir exécutif d’un Etat constitué. Notre appel s’adresse à la conscience juive et il n’est appuyé par aucune force de coercition. Mais on cette heure solennelle aucun Juif, qui veut être digne de ce nom et de son peuple, ne voudra se soustraire à son devoir et à sa responsabilité personnelle sous le prétexte de l’impuissance de son peuple.
Les portes de la Palestine ne sont plus fermées à l’intérieur. Si elles continuent à ne pas s’ouvrir, ce sera de voire propre faute et rien que de votre faute. Seul, l’esprit de sacrifice du peuple d’Israël tout entier sera assez puissant pour en écarter des battants et pour les tenir largement ouverts devant les masses de notre peuple, qui attendent impatiemment l’heure de la libération».
Mais, avant d’aller plus loin dans l’examen de ce problème, et pour éviter tout malentendu, nous tenons à rappeler encore une fois que nous avons toujours considéré les choses de Palestine en nous plaçant sur le terrain élevé de la liberté des peuples et sans nourrir la moindre hostilité contre les Israélites. Nous respectons leur religion à l’égal de toutes les croyances entre lesquelles se divisent les hommes; nous n’avons pas le moindre préjugé contre leur race dont nous sommes les premiers à reconnaître les grandes qualités. Mais il ne nous est pas possible pour des raisons de fait de considérer qu'ils forment une nationalité, puisque chacun d’eux se réclame de celle du pays, où il habite et où il jouit maintenant de droits égaux à ceux des autres citoyens.
Quel que soit le régime politique de la Palestine, les Israélites du monde entier qui désirent se fixer sur le sol de leurs ancêtres, devront pouvoir le faire en toute liberté et y être cordialement accueillis. Mais ils devront être traités avec ni plus ni moins de faveur ou de défaveur que les autres habitants du pays; ils ne devront pas jouir de droits spéciaux sous peine d’opprimer, par cela même, la majorité de la population qui est musulmane ou chrétienne.
Enfin, nous considérons, que le sionisme constitue un grâve péril pour les Israélites eux-mêmes, puisque la simple création de l’Etat juif les exposerait à se voir contester, dans le monde entier, les droits de cité qu’ils ont eu tant de peine à acquérir. La plupart des Israélites avisés, de France, et d’ailleurs, partagent cette opinion et voient d’un assez mauvais oeil l’application des théories de M. Balfour.
Ceci dit, revenons au Congrès arabe, dont l’importunée et le retentissement, ont visiblement troublé les Lords et rendu lord Curzon plus circonspect qu’il ne l'eût sans, doute été quelques semaines auparavant.
Les décisions de ce Congrès se ramènent à deux points sur lesquels les musulmans de Palestine se montrent irréductibles: abandon du système Balfour, consistant à créer un foyer national juif; constitution d’un gouvernement national palestinien.
Cette double résolution paraît avoir causé quelque émoi, car faute d’une, presse locale reflétant les sentiments du pays, les diplomates qui ont élaboré la charte sioniste semblaient croire que la population de la Palestine n’avait ni volonté, ni opinion, qu’on pouvait impunément leur imposer n’importe quel régime. Seule la propagande sioniste avait jusqu’ici fait entendre sa voix; comme ses ressources sont larges et ses dirigeants actifs, elle était parvenue à faire illusion. La presse égyptienne s’est efforcée non pas de combattre le sionisme, mais d’appeler l”attention de l’Europe sur lès périls de la prépondérance d’une minorité; elle n’y a pas entièremnei, réussi, car elle est soumise à une censure étroite.
Le Congrès dé Caïffa a donc fait l’effet d’un coup de tonnerre dans un ciel serein. Le Haut Commissaire, sir Herbert Samuel, a essayé aussitôt d’en atténuer le retentissement et jetant là suspicion sur la qualité des congressistes, et en propageant immédiatement le bruit que l’assemblée de Caïffa ne représentait point l’opinion palestinienne. L’assertion était bien imprudente, car elle eut pour seul effet de renforcer la portée de la manifestation arabe en provoquant un imposant mouvement d’adhésion aux voeux du Congrès. De toutes les villes, de tous les villages affluèrent aussitôt télégrammes et motions émanant de particuliers influents et de groupements de toute sorte, qui déclaraient approuver sans réserves et adopter avec enthousiasme les résolutions prises à Caïffa. Sir Herbert Samuel aurait voulu «tâter l’opinion», procéder à une sorte de plébiscite spontané, qu’il n’aurait pas mieux réussi. Malheureusement pour lui, le résultât de cette espèce de consultation populaire spontanée, a tourné à sa confusion; la thèse qu’il entendait combattre en sort plus vivante et plus forte que jamais.
La délégation qui s'est aussitôt constituée pour aller appuyer, auprès de M. Winston Churchill, les voeux du Congrès arabe, est venue confirmer encore la puissance du sentiment populaire. Il n’est plus permis aux dirigeants de la politique britannique, non plus qu’aux sionistes, de nourrir la moindre illusion sur l’impopularité de leurs plans.
En présence de ce mouvement d’opinion, sir Herbert Samuel s’orienta vers le mode autoritaire. Il déclara qu’il ne connaîtrait le Congrès de Caïffa que si celui-ci acceptait le mandat britannique et le système Balfour qui est incorporé dans ce mandat. La condition est spécieuse, car si les Arabes adoptaient le régime anglo-sioniste qu’on leur réserve, le Congrès n’aurait plus aucune raison d’être et il n’aurait point de raison pour prendre contact avec les autorités britanniques, n’ayant rien à leur dire.
Au fond, sir Herbert Samuel aurait désiré obtenir, au lieu d’une opposition spontanée, une approbation enthousiaste et non moins spontanée; il était prêt à ouvrir les bras à des délégués ayant pour seule mission de remercier la Grande-Bretagne de ses bienfaits et de son esprit d’équité envers les peuples. Quelle illusion était la sienne!
Les Palestiniens paraissent être dans le même état d’esprit que leurs compatriotes des autres provinces syriennes placées sous le mandat français. Ils désirent avant tout la création d’un Etat national et le droit de gérer eux-mêmes leurs propres affaires en conformité des promesses solennelles faites cent fois par les Alliés au peuples opprimés.
Cette similitude de sentiments des deux côtés de la frontière arbitraire qui coupe la Syrie en deux tronçons, est à retenir, car nous y trouvons un argument en faveur de la restauration de l’unité syrienne.
Les réclamations des Palestiniens en faveur d’un gouvernement national sont d’autant plus ardentes qu’ils n’ont pas, comme les habitants des autres provinces syriennes, l’espérance de voir leur désir se réaliser bientôt. La France temporise à Beyrouth et à Damas; elle ne rejette point l’idée d’un Etat souverain et tarde seulement, a réaliser cette idée.
A Jérusalem, au contraire, la Grande-Bretagne s’emploie à organiser un régime politique, et ce régime est précisément l’opposé de celui qu’on réclame, puisqu’il donne une exorbitante prépondérance à une minorité religieuse et ethnique.
Il ne faut pas se le dissimuler, le Sionisme est aujourd’hui en train d’organiser un Etat dans l’Etat. Il s’organise doucement et méthodiquement, jusqu’au jour où il pourra prendre carrément la direction des affaires et imposer sa loi aux majorités. Au lieu d’avoir, comme naguère, des Arabes, des chrétiens et des juifs gouvernés par des Turcs, on aura alors, en Palestine, des musulmans, des chrétiens et des juifs gouvernés par des sionistes. Les Palestiniens auront troqué une théocratie contre une autre. C’est ce qu’ils n’admettent à aucun prix.
Ils trouvent étrange, alors que leurs représentants sont ignorés ou boycottés, que le Sionisme – simple groupement privé, jusqu’à présent – ait une influence disproportionnée avec l’effectif de ses adhérents. Ils s’étonnent que de simples particuliers soient assez influents pour avoir pu imposer leur volonté dans la question de la délimitation de la frontière syro-palestinienne, pour avoir obtenu que l’hébreu ait la qualité de langue officielle partout où la proportion des Israélites atteint seulement 20 % (1). Ils s'étonnent de ce que la Fédération sioniste prenne les allures que pourrait seul avoir un Parlement légal.
La politique de négation du droit des peuples et de prépondérance confessionnelle qui l’emporte aujourd’hui en Palestine, est grave. L’Angleterre se prépare, par condescendance à l’égard d’une minorité privilégiée, des difficultés dont elle ne soupçonne pas la gravité. Les Sionistes – nous disons bien: les Sionistes et non: les Israélites, puisque beaucoup de ceux-ci, répétons-le, discernent parfaitement les risques de l'entreprise – les Sionistes, ivres de leurs succès, ne voient pas les rancunes qu’ils accumulent sur leurs têtes, le mouvement national qu’ils méprisent, quoique déjà s’affirme sa puissance. Ils chercheraient à réveiller les anciennes passions antisémites qu’ils n’agiraient pas autrement.
Ce serait un grand malheur pour la Palestine que de voir ces passions se déchaîner et faire obstacle au progrès et à la civilisation. Cependant, cette éventualité redoutable pour la paix orientale doit être aujourd’hui envisagée. La Grande Bretagne s’en avisera-t-elle avant qu’il soit trop tard?
(1) A propos de la question des langues nous sera-t-il permis d’ouvrir une parenthèse pour remarquer le boycottage évident dont est victime la langue française, laquelle est pourtant de beaucou la plus répandue dans le pays?
Cap. 16h
Le Mandat Palestinien
da: Correspondance d’Orient,
Anno 14, Nr. 259, p. 308-313
15 aprile 1921
Anno 14, Nr. 259, p. 308-313
15 aprile 1921
LE CONSEIL DE LA SOCIÉTÉ DES NATIONS,
Attendu que par l’article 132 du traité de paix signé à Sèvres le 10 août 1920, la Turquie a renoncé, on faveur des principales puissances alliées, à tous ses droits et titres sur la Palestine.
Attendu que par l’article 95 du même traité, les hautes parties contractantes ont convenu de confier, par application des dispositions de l’article 22, l’administration de la Palestine, dans l’étendue des frontières que les principales puissances alliées auront à déterminer, à un mandataire choisi par lesdites puissances;
Attendu que, par le même article, les hautes parties contractantes ont convenu, en outre, que la puisssance mandataire aura la responsabilité de donner une exécution, à la déclaration faite en premier le 2 novembre 1917 par le gouvernement de Sa Majesté Britannique et adoptée par les autres puissances alliées, en faveur de l’établissement en Palestine, d’un Foyer national pour le peuple juif, étant bien entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte aux droits civils et religieux des communautés non juives existant en Palestine ou aux droits et au statut politiques dont jouissent les juifs dans tout autre pays;
Attendu que par là on a reconnu le lien historique du peuple juif avec la Palesinc ct les motifs de reconstruction de son Foyer national dans ce pays;
Attendu que les principales puissances alliées ont choisi Sa Majesté Britannique comme mandataire pour la Palestine;
Attendu que les termes du Mandat, concernant la Palestine ont été formulés comme ci-dessous et soumis au Conseil de la Société des Nations;
Attendu que sa Majesté Britannique a accepté le mandat relatif à la Palestine et se propose de l’exercer pour le compte de la Société des Nations, conformément aux stipulations qui suivent;
Approuve, par les présentes, le texte ci-après dudit mandat.
Article premier. – Sa Majesté Britannique aura le droit d’exercer comme mandataire tous les pouvoirs afférents au gouvernement d’un Etal souverain, sous les réserves que comporte le présent mandat.
Art. 2. – Le mandataire aura le devoir de placer le pays dans des conditions politiques, administratives et économiques de nature à assurer l’établissement du Foyer National juif, comme il est formulé dans le préambule, et le développement d’institutions autonomes, et à sauvegarder les droits civils et religieux de tous les habitants de la Palestine, sans distinction de race et ds religion.
Art. 3. – Le mandataire encouragera dans la plus large mesure l’autonomie communale (self-goveimment) compatible avec les conditions imposées.
Art. 4. – Une administration juive (agency) appropriée, reconnue comme corps public, agira à titre de conseil en coopération avec le gouvernement de Palestine dans les questions économiques, sociales et autres qui peuvent concerner l’établissmcnt du Foyer National Juif et les intérêts de la population juive en Palestine et, toujours sous le contrôle du gouvernement, pour seconder le développement du pays et y prendre part.
L’organisation sioniste, aussi longtemps que son organisation et sa constitution seront jugées appropriées par le mandataire, sera reconnue comme l’administration juive qualifiée. Elle prendra, d’accord avec le gouvernement de Sa Majesté Britannique, des mesures pour assurer la coopération de tous les juifs qui sont désireux de collaborer à l'établissement du Foyer National Juif.
Art. 5. – Le mandataire aura la charge de veiller à ce qu’aucun territoire palestinien ne soit cédé, loué ou placé, de quelque façon que ce soit, sous le contrôle du gouvernement d'une puissance étrangère.
Art. 6. – L’administration de la Palestine, tout en garantissant qu’aucun préjudice ne sera porté aux droits et à la situation des autres éléments de la population, facilitera l'immigration juive dans des conditions convenables, et encouragera, en coopération avec l’administration (agency) juive mentionnée à l’article 4, une colonisation compacte du pays par les juifs, y compris des terrains domaniaux et, des terres abandonnées qui ne seront pas réclamées pour des buts publics.
Art. 7. – L’administration do la Palestine devra élaborer une loi sur la nationalité. Cette loi contiendra des dispositions facilitant l’acquisition du droit de citoyen palestinien aux juifs qui établissent leur résidence permanente en Palestine.
Art. 8. – Les immunités ot privilèges, y compris les bénéfices de la juridiction et de la protection consulaires, dont les étrangers jouissaient autrefois sous le régime des Capitulations ou qui étaient en usage dans l’empire Ottoman, sont définitivement abrogés en Palestine.
Art. 9. – Le mandataire devra veiller à ce que le régime judiciaire établi on Palestine sauvegarde a) les intérêts de» étrangers; 6) la loi et (dans la mesure jugée utile) la juridiction actuellement en vigueur en Palestine dans les questions soulevées par les croyances religieuses de certaines communautés (comme les lois du Wakouf et le statut personnel). La puissance mandataire accepte notamment que le contrôle et l’administration des biens wakoufs soient exercés en conformité avec la loi religieuse cl les dispositions des fondateurs.
Art. 10. – Jusqu’à ce que soient établis des accords spéciaux d'extradition concernant la Palestine, les traités d’extradition existant entre la Puissance mandataire et les autres Puissances étrangères s’appliqueront à la Palestine.
Art. 11. – L’administration de la Palestine prendra toutes les mesures nécessaires pour sauvegarder les intérêts de la communauté ence qui concerne le développement du pays et, d’après l’article 311 du traité de paix avec la Turquie, elle aura tout pouvoir pour assurer le droit public de propriété ou le contrôle de toutes les ressources naturelles du pays ou des travaux publics et services d’utilité publique qui y sont ou y seront établis. Elle introduira un régime agraire conforme aux besoins du pays et tenant notamment compte de l’opportunité qu’il y a à favoriser la colonisation compacte (close seulement) et la culture intensive du sol.
L’Administration pourra s’entendre avec l’administration juive (agency) mentionnée à l’article 4 pour que celle-ci construise ou entreprenne à des conditions favorables et équitables, tous travaux publics, services et aménagements d’utilité publique et développe toutes les ressources naturelles du pays au cas où l’Administration n’en assumera pas directement l’exécution. Tous les arrangements de cette nature, pourvoiront à ce qu’aucun profil à répartir directement, ou indirectement, par ladite administration (agency), n’excède un taux raisonnable d’intérêts du capital et que tous autres profils soient utilisés par elle dans l’intérêt du pays et d’une manière approuvée par l’Administration.
Art. 12. – La Puissance mandataire sera chargée du contrôle des relations étrangères de la Palestine et du droit de délivrer l’exéquatur aux consuls nommés par les Puissances étrangères. Elle a également qualité pour accorder la protection diplomatique et consulaire aux citoyens de la Palestine en dehors de ses limites territoriales.
Art. 13. – La Puissance mandataire assume toute responsabilité au sujet, des Lieux saints et monuments on sites religieux en Palestine, y compris le respect, des droits existants, le maintien du libre accès aux Lieux saints, monuments et sites religieux et du libre exercice du culte, tout on garantissant les exigences de l’ordre et de la moralité publique: elle ne sera responsable pour tout ce qui précède, que devant la Société des Nations: il est entendu, toutefois, que rien dans cet article n’empê la Puissance mandataire de conclure avec l’Administration tels arrangements qu’elle peut, juger nécessaires pour assurer l’exécution des dispositions de cet article; il est entendu également que ce mandat ne saurait être aucunement interprété comme conférant à la Puissance mandataire le droit d’intervenir dans la construction ou la gestion des tombes sacrées purement musulmanes, dont les immunités sont garanties.
Art. 14. – En conformité avec l’article 95 du traité de paix avec la Turquie, la Puissance mandataire se charge de désigner aussitôt que possible une Commission spéciale pour étudier et régler toutes les questions et réclamations relatives aux différentes communautés religieuses. Il sera tenu compte, dans la composition de cette Commission, des intérêts religiuseux en cause. Le président de la Commission sera nommé par le Conseil de la Société des Nations. Cette Commission aura pour devoir de veiller à ce que certains Lieux saints, monuments ou sites qui sont l’objet d’une vénération spéciale de sa part de fidèles de l’une ou l’autre religion, soient confiés au contrôle permanent d’administrations (bodies) qualifiées représentant les sectateurs de cette religion.
Le choix des Lieux saints, monuments ou sites religieux dont la garde sera ainsi organisée, sera fait par la Commission et soumis à l’approbation de la Puissance mandataire.
Néanmoins, dans tous les cas prévus par cet article, le droit et le devoir de la Puissance mandataire de maintenir l’ordre et la décence dans les lieux en question restent entiers; les monuments et Lieux saints seront soumis aux dipositions des lois sur les monuments publics qui
pourront être décrétées en Palestine avec l’approbation de la Puissance mandataire.
Les droits de contrôle conférés par cet article seront placés sous la garantie de la Société des Nations.
Art. 15. – La Puissance mandataire veillera à ce que la pleine liberté de conscience et le libre exercice de toutes les formes de culte soient assurés à tous, sous réserve uniquement du respect de l’ordre public et de la morale. Aucune distinction, de quelque genre que ce soit, ne sera faite entre les habitants de la Palestine du fait de la race, de la religion ou de la langue. Aucune personne ne pourra être exclue de la Palestine pour le seul motif de sa croyance religieuse.
Le droit reconnu à chaque communauté de conserver ses propres écoles pour l’éducation de ses propres membres dans sa langue propre (en se conformant aux obligations de caractère général que l’Administration peut imposer) ne sera ni contesté ni entravé.
Art. 16. - Là Puissance mandataire aura la charge d’exercer sur toute entreprise missionnaire en Palestine telle surveillance que nécessiterait, le respect de l’ordre public et d’un bon gouvernement. Sous réserve de cette surveillance, aucune mesure ne sera prise en Palestine pour faire obstacle à des entreprises de ce genre ou s’y immiscer, ni pour établir des distinctions à l’égard de tel ou tel missionnaire, à cause de sa religion ou de sa nationalité.
Art. 17. – L’Administration de la Palestine peut organiser, par vole d’engagements volontaires, des forces nécessaires au maintien de la paix et de l’ordre, et aussi à la défense du pays; elles seront soumises,toutefois, à la surveillance de la Puissance mandataire, qui ne doit pas les employer à des buts différents de ceux spécifiés ci-dessus, sauf du consentement de l’Administration de la Palestine, et en dehors des objets ci-dessus spécifiés, aucune force militaire, navale ou aérienne ne devra être créée ou entretenue par l’Administration de la Palestine.
Cet article n’interdit pas à l’Administration de la Palestine de contribuer aux dépenses des forées entretenues par la Puissance mandataire en Palestine.
La Puissance mandataire aura en tout temps la faculté d’utiliser les routes, chemins de fer et ports de Palestine pour les mouvements de troupes et le transport de combustible et de provisions.
Art. 18. – La Puissance mandataire doit veiller à ce qu’il n’y ait aucune distinction, en Palestine, entre des nationaux de n’importe lequel des Etats membres de la Société des Nations (y compris les compagnies constituées sous leurs lois) et ceux de la Puissance mandataire ou de n’importe quel Etat étranger, en ce qui concerne les impôts, le commerce ou la navigation, l’exercice d’industries ou de professions ou le régime des navires on de la circulation aérienne. De même il ne doit être fait aucune distinction, en Palestine, entre les marchandises provenant de n’importe lequel desdits Etats ou lui étant destinées, et il y aura liberté dé transit sous d’équitables conditions à travers le territoire mandaté.
Sous réserve des clauses ci-dessus indiquées et de toutes autres disposition de ce Mandat, l’Administration de la Palestine peut, sur l’avis de la Puissance mandataire, imposer telles taxes et droits de douane qu’elle jugera nécessaires et prendre telles mesures qu’elle estimera de nature à promouvoir le développement des ressources naturelles du pays et à sauvegarder les intérêts de la population.
Les clauses de cet article n’empêcheront pas le gouvernement de la Palestine de conclure, sur l’avis de la Puissance mandataire, des conventions spéciales de douane, avec un Etat dont le territoire était entièrement compris, en 1914, dans la Turquie d’Asie ou l’Arabie.
Art. 19. – La Puissance mandataire adhérera, au nom de l’Administration, à toutes conventions générales internationales déjà existantes ou qui pourront être conclues par la suite avec l’approbation de la Société de Nations concernant la traite des noirs, le trafic des armes et munitions ou le trafic des substances vénéneuses, ou relatives à l’égalité commerciale, à la liberté de transit et de navigation, à la navigation aérienne et aux communications postales, télégraphiques et de télégraphie sans fil, ou à la propriété littéraire, artistique ou industrielle.
Art. 20. – La Puissance mandataire coopérera au nom de l’Administration de la Palestine, autant que le permettront les conditions religieuses, spéciales et autres, à l’exécution de toutes les mesures de police commune adoptées par la Société des Nations pour prévenir et combattre les maladies, y compris celles des règnes végétal et animal.
Art. 21. – La Puissance mandataire pourvoira, dans les douzes mois qui suivront l’entrée en vigueur de ce mandat, à la publication et à l’exécution d’une loi sur les monuments antiques basée sur les dispositions de l'article 412, XIII partie, du traité de paix avec la Turquie. Cette loi remplacera l’ancienne loi ottomane des Antiquités et assurera l’égalité de traitement, en matière de recherches archéologiques, aux nationaux de tous les Etats membres de la Société des Nations.
Art. 22. – L’anglais, l’arabe et l’hébreu seront les langues officielles de la Palestine. Toutes les pièces officielles (statement) ou inscriptions en arabe sur les timbres ou les monnaies en Palestine seront reproduites en hébreu, et toutes les pièces officielles ou inscriptions en hébreu
seront reproduites en arabe.
Art. 23. – L’Administration de la Palestine reconnaîtra les jours fériés des diverses communautés comme jours de repos légal pour les membres desdites communautés.
Art. 24. – La Puissance mandataire présentera chaque année, au Conseil de la Société des Nations, un rapport sur les mesures prises en exécution des dispositions du Mandat. Toutes les lois de réglementations promulguées ou publiées durant l'année seront jointes au rapport.
Art. 25. – Si un différend venait à surgir entre les membres de la Société des Nations sur l’interprétation ou l’application des ces articles, qui ne puisse être réglé à l’amiable, il sera, soumis à la Cour permanente de Justice internationale prévue par l'article 14 du règlement de la Société desNations.
Art. 26. – L’adhésion du Conseil de la Société des Nations est nécessaire pour toute modification aux termes du présent Mandat; dans le cas d’une modification proposée par la Puissance mandataire, l’agrément peut être voté par la majorité de l’Assemblée.
Art. 27. – A l’échéance de l’expiration du mandat conféré à la Puissance mandataire par cette déclaration, le Conseil de la Société des Nations prendra tels arrangements qui pourront être jugés nécessaires pour sauvegarder à perpétuité les droits assurés par les articles 13 et 14 et pour faire en sorte que, sous la garantie de la Société, le gouvernement de la Palestine fasse pleinement honneur aux obligations financières contractées par l”Administration de la Palestine pendant la durée du mandat.
[N. D. L. R. ] Ce projet a été publié par la Jewish Chroniclc et est reproduit et commenté par une grande partie de la presse. Nous en avons emprunté le texte à Paix et Droit (février 1921).
La lettre d’envoi jointe au projet est signée de M. Arthur Balfour. Il y est dit que, pendant l’élaboration du projet, le gouvernement britannique a été constamment en consultation avec le gouvernement français et qu’un accord complet existe entre les deux gouvernements.
Cap. 17h
La Nouvelle Palestine
da: Correspondance d’Orient,
Anno 14, Nr. 259, p. 314-315
15 aprile 1921
Anno 14, Nr. 259, p. 314-315
15 aprile 1921
La Nouvelle Palestine. – Le Bureau Juif de Presse nous communique:
L’organisation Sioniste lance l’appel suivant pour le fonds nécessaire à la reconstruction de la Palestine.
«Le mandat pour la Palestine qui vient d’être proclamé comme un élément du droit des peuples, représente pour le peuple juif non seulement un gage solennel, mais encore une mission de responsabilités et d’obligations.
Le moment est venu où les forces créatrices du peuple juif – du peuple, tout entier, sans distinction de classes et d’opinions – doivent s’unir en vue de la réalisation du problème, qui lui a été confié à la face du monde, en vue de l’édification du Foyer National Juif.
Cette oeuvre réclame des moyens énormes. C’est pour les trouver qu’à été créée et organisée la Keren Hayesod, le Fonds pour la création de la Palestine.
Il a été élu un Comité directeur qui a pour mission d’établir, en collaboration avec des techniciens, un plan systématique d’action constructive et d’en assurer ensuite la réalisation.
A côté du Comité Directeur il a été constitué un Conseil économique composé d’hommes d’affaires et de financiers éminents. Le Conseil économique s’est chargé d’examiner toutes les entreprises qui seront envisagées, – dans la mesure où elles pourront être considérées comme des entreprises productrices dans le sens étroit du mot, – d’en assurer la réalisation lorsqu’elles auront été approuvées par lui et afin d’assister de ses conseils le Comité directeur dans l’administration générale du Fonds.
Le moment où la Keren Hayesod inaugure son oeuvre est grand et tragique à la fois. Les grandes puissances ont reconnu le lioen historique, qui existe entre le peuple juif et la Palestine. La Grande-Bretagne s’est chargée du mandat sur la Palestine. La gestion de la Palestine a été confiée à un homme d’Etat, dont la présence à la tête de l’administration est un gage certain de la bonne volonté de la Grande-Bretagne.
Mais en Europe Orientale, les deux tiers du peuple juif sont, à l’heure actuelle, exposés à des souffrances qui dépassent les forces humaines. Des communautés entières sont exposées au pillage, chassées de leurs foyers, massacrées sans pitié, livrées aux excès d’une sauvagerie déchaînée telle que l”Europe n’en a pas vu de pareille depuis des centaines d’années.
Au seuil de la résurection nationale, les veux fixés sur la tâche écrasanté qui ne peut pas attendre un jour de plus, le peuple juif mutilé et ensanglanté est dans l’impossibilité de lui vouer toutes les forces nécessaires, puisqu’il doit encore tenir d’une main le glaive pour repousser désespérément les attaques acharnées qui le menacent d’extermination.
L’ensemble du peuple juif doit tendre ses forces à l’extrême. En réponse à cette marque de confiance et de bonne volonté que signifie pour nous le message de San Remo, en réponse également, à l’explosion de haine sans merci qui ensanglante l’Europe Orientale, les Juifs de tous pays et de toutes classes ne peuvent avoir qu’un seul cri: Construisez la patrie juive!
Le but de la Keren Haycsod est d’inaugurer sans retard une immigration de plus en plus forte des masses populaires juives en Palestine, suivie de leur établissement systématique sur des bases économiques saines, pour le salut des Juifs et pour le bien-être de la population non-juive du pays.
Cette oeuvre peut être réalisée. La Palestine peut contenir des millions d’habitants. Des milliers et des milliers de gens attendent devant ses portes. Donnez-nous les moyens de leur garantir un travail productif et ils se déverseront dans le pays.
Qui dit immigration et colonisation, dit acquisition et préparation du sol, construction de routes, de voies ferrées, de ports et de ponts, plantation d’arbres sur les collines et les dunes, assèchement des marais, irrigation des champs et utilisation des chutes d’eau; construction de villes, dévelopement de l’industrie, des métiers et du commerce, et on même temps que tout ce travail énorme, toutes mesures utiles en vue du bien-être social, de la santé publique et surtout de l’enseignement et du progrès cultural.
Tous ces travaux entrent dans les plans de la Keren Hayesod. On lui a donné une organisation suffisamment élastique pour pouvoir facilement faire face à toutes les catégories d’entreprises. La Keren Hayesod favorisera l’initiative privée, dans la mesure où elle se conformera aux principes de la justice sociale et du bien-être national, et il soutiendra en même temps la coopération dans ses multiples applications.
Notre génération vit à une époque extraordinaire. Le moment historique, passionnément attendu depuis vingt siècles, est enfin arrivé. Cette heure ne reviendra pas une deuxième fois, ni pour nous, ni pour les enfants de nos enfants. C’est pourquoi notre appel ne s’adresse point à la philanthropie juive. Cet appel signifie le commencement d’un effort commun qui devra éveiller dans l’ensemble du peuple juif un écho digne de l’homme du nom juif.
L’effort extraordinaire que l’on exige aujourd’hui de nous doit prendre la forme d’un impôt, d’un impôt lourd, continu, systématique et librement accepté, conformément à la noble tradition juive du Maasser. Il nous appartient de remettre cette tradition en application et en honneur.
Tous les peuples de l’univers ploient aujourd’hui sous de lourds impôts pour assurer leur reconstruction nationale. Nous ne disposons pas du pouvoir exécutif d’un Etat constitué. Notre appel s’adresse à la conscience juive et il n’est appuyé par aucune force de coercition. Mais on cette heure solennelle aucun Juif, qui veut être digne de ce nom et de son peuple, ne voudra se soustraire à son devoir et à sa responsabilité personnelle sous le prétexte de l’impuissance de son peuple.
Les portes de la Palestine ne sont plus fermées à l’intérieur. Si elles continuent à ne pas s’ouvrir, ce sera de voire propre faute et rien que de votre faute. Seul, l’esprit de sacrifice du peuple d’Israël tout entier sera assez puissant pour en écarter des battants et pour les tenir largement ouverts devant les masses de notre peuple, qui attendent impatiemment l’heure de la libération».
(Segue)